Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/225

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ne te voie pas… Tu la verras par le trou de la serrure… Elle a cent onze ans.

Dora. — Cent onze ans !

Lucien. — Enfin, pour une épouse… (il fait entrer Dora à droite) (à Bretel) Faites entrer !

Bretel, appelant. — Entre Madame… (à part) Cent onze ans… elle ne paraît pas…

Scène XVII

Lucien, Bretel, Mme Prévallon

Mme Prévallon. — Ah ! voi…alà…mon…onsieur… Je suis ex…ex…exas…

Lucien, terminant. — …pérée…

Mme Prévallon. — Oui… après vous…

Lucien. — Excusez-moi, marraine.

Bretel. — Comment qu’il l’appelle ?

Lucien. — J’ai appris ce qui s’était passé tout à l’heure, et j’en suis désolé… La faute en est à cet imbécile ! (Mme Prévallon regarde Bretel qui salue de la tête.) Il vous a mal reçue, il paraît…

Mme Prévallon. — Lui ! Il a fait pi-pi… pi-pi…

Bretel. — Moi !

Mme Prévallon. — Pire encore… il m’a cha cha…assée comme un vulgaire four…four…

Bretel, soufflant. — Fourneau.

Mme Prévallon. — Euh ! fou-ournisseur…

Bretel. — Gott ferdeck ! elle doit être longue quand elle fait sa prière…

Mme Prévallon. — Alors, que vous-voulez-vous ? J’ai des né-né…

Bretel. — C’est pas possible ?

Mme Prévallon. — Des nerfs… je-e suis partie.

Lucien. — Mais vous êtes revenue, Marraine, et vous avez bien fait. Tout cela est le résultat d’une méprise de ce jocrisse… (Bretel salue.) Il a pris à contresens un ordre que je lui avais donné… parce que moi, vous savez, je suis avant tout un garçon sérieux, rangé, pas volage, une vraie pâte de mari, quoi ! Allons la consigne, ici, c’est : "Ne recevoir aucune jeune et jolie femme".

Mme Prévallon. — Hein ? Et c’est pour ça… Ah ! mais alors, il est très gaga-gaga…

Lucien. — Lui ! oui !

Mme Prévallon. — Très galant…

Lucien, très aimable. — Non, c’est-à-dire, qu’il avait compris le contraire : "ne recevoir que les jeunes et jolies femmes !"… alors, naturellement, il vous a mise à la porte.

Mme Prévallon. — Hein ?

Lucien. — Non ! euh ! ce n’est pas ce que je voulais dire… Ah ! je suis bien content de vous voir ! et vous allez bien, marraine ?

Bretel, répétant. — Marraine ! (à Lucien) Dis-donc, pourquoi est-ce que tu l’appelles "ta reine" ?

Lucien. — Hein ! Pourquoi ?

Mme Prévallon. — Je suis venue vous voir pour papa.

Bretel. — Comment, elle l’a encore ?