Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/227

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Dora. — Qu’est-ce que vous racontez-là ? Vous ne savez ce que vous dites… Puisqu’il en est réduit à épouser cette vieille dame…

Bretel. — Mais non ! mais non ! Qu’est-ce que tu ne sais donc rien ? ça est la vieille dame qui est sa reine, qu’il dit ! et qui veut lui marier sa file… mais oui, madame, c’est la file !

Dora. — Sa fille !…

Bretel. — Oh ! mais rien à craindre, madame, tu sais… Monsieur Lucien, il t’a dit qu’il marierait pas la jeune fille avec lui !… il mariera pas !… et tu croyais, toi madame !… ah ! ça est une veine que j’aie été là !… tu serais partie !… Hein ! et alors, tu vois !… Mais Bretel est là et il arrange tout… Tiens ! rentre là, madame, espère un instant, espère… (il la fait rentrer à droite) Ah ! c’est monsieur qui va avoir du plaisir !

Scène XIX

Bretel, puis Lucien, Mme Prévallon

Bretel, ouvrant la porte de gauche. — Monsieur ?

Lucien. — Hein ! (bas) Eh bien, elle est partie ?

Bretel. — Oui, oui ! (à part) Je veux qu’il ait une surprise !

Lucien. — C’est bien… (à Mme Prévallon) Venez, marraine !

Mme Prévallon. — Me voilà ! A-alors, c’est nouveau pour-our le mariage… Vous m’allez… Je voulais prendre un gar-gar un garg-gar…

Lucien, voulant d’aider. — Un gargarisme.

Mme Prévallon. — Non… un gar…çon sérieux. Vous êtes le gen-gen, le gen-gen.

Bretel. — Le Jean-jean ?

Mme Prévallon. — Le gendre rêvé !

Lucien. — Marraine, vous me flattez.

Mme Prévallon, qui a été à la cheminée et considère le portrait de Dora. — Quelle est cette jo-jo… jo-olie femme ?

Lucien. — Aïe ! rien, c’est une photographie… une vieille photographie d’Agnès Sorel.

Mme Prévallon. — Ca ?

Bretel. — Oui, ça est sa bonne amie, tu vois bien, madame.

Mme Prévallon. — Hein ! que-est-ce qu’il a dit ?

Lucien, à part. — Le crétin (haut) Oui… c’est… c’est une bonne amie… une bonne vieille amie.

Bretel. — Qu’est-ce que tu dis, une vielle amie ? Vielle, elle !… Mais alors, qu’est-ce que tu dirais de Madame ?

Mme Prévallon. — Hein ?

Lucien. — Vous n’allez pas vous taire, vous ? (à Mme Prévallon) Marraine, ne faites pas attention à ce que raconte cet imbécile, il ne sait ce qu’il dit…

Mme Prevallon. — Cependant… euh ! ce-ette bonne amie !

Lucien. — S’il faut tout vous dire, j’ai eu la douleur de la perdre !

Bretel. — Oui… tu crois ça ! Non, heureusement pour toi, Bretel était là, lui… il a empêché d’avoir la douleur de la perdre. Elle est toujours là, ta bonne amie. Tu vas la revoir, ta bonne amie !

Il se dirige vers la chambre.

Lucien. — Hein ! mais il est fou !…

Mme Prevallon. — Oh ! Mo-onsieur… je vous rere-reprends ma fille.