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Rudebeuf. — Qu’est-ce que vous dites ? Ah ! non ! non ! Vous n’allez pas faire ça ! roupiller dans la voiture !… le jour du circuit !… Je vais vous faire faire du café ! Vous allez en boire un litre !… Ah ! bien, merci ! (A l’aubergiste qui range les tables, devant son estaminet.) Aubergiste ! Quinze cafés pour son Altesse !

L’Aubergiste. — Quinze cafés ?

Rudebeuf. — Eh ! bien, oui, quoi ! Quinze cafés ! ça n’a rien d’extraordinaire !… Allez ! Monseigneur, montez vous mettre en tenue !… On vous portera ça !… Oh ! dormir dans ma voiture, saligaud !… Passez, Monseigneur.

Ils sortent.

Scène III

Un caporal, Les soldats, Cocottes et Gigolos puis, Le Lieutenant, L’Aubergiste, Chatel-Tarraut.

Le Caporal, entrant avec des hommes en tenue de campagne. — Halte, front !… Sur le numéro quatre, à trois pas, ouvrez !… repos !

Première Cocotte. — C’est idiot de nous faire lever à l’heure où l’on se couche.

Deuxième Cocotte. — Et dire qu’on ne verra même pas le départ.

Premier Gigolo. — Ce qui est intéressant, c’est le virage ! Le départ, ça ne compte pas !

Deuxième Gigolo. — Tandis qu’ici, ça va barder.

L’Aubergiste. — Si ces messieurs et dames veulent des chaises ?…

Deuxième Cocotte. — Et dire qu’on verra bien mieux le circuit, ce soir, au cinématographe du Jardin de Paris.

Première Cocotte. — En attendant, si on se faisait servir du café au lait. Ca serait autant de pris ; pas, soldat ?

Le Caporal. — Ah ! vous avez de la chance. Nous, avec ce sacré turbin, on ne sait pas quand on croûtera.

Première Cocotte. — Vous n’avez pas croûté ?

Deuxième Cocotte. — Vous n’avez pas croûté ?…

Deuxième Cocotte. — Ils n’ont pas croûté.

Premier Gigolo. — Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?

Première Cocotte. — Aubergiste ! A boire et à manger pour tous ces hommes.

Deuxième Cocotte. — C’est monsieur qui paie.

Premier Gigolo. — Charmant !

L’Aubergiste. — Bien, madame.

Le Caporal. — Camarades, un ban pour ces messieurs et dames.

Les Soldats. — Pan, pan, pan, pan, pan, (ter). Hip, hip, hip, hurrah !

Chatel-Tarraut, arrivant suivi de l’adjoint et du garde champêtre. — Ah ! soldats, vraiment !… (Au garde champêtre et à l’adjoint.) Saluez, messieurs, on vous acclame ! (Aux soldats) Croyez que le Conseil Municipal de Ker-Kerzoec, dont nous sommes l’émanation la plus haute…

Le Caporal. — Qu’est-ce qu’il a, celui-là ?

Chatel-Tarraut. — Une pareille ovation !…

Premier Gigolo. — Non, monsieur. C’est pour ces dames !