Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/104

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Paginet. — Non, puisque c’est dans l’intérêt général. Eh bien ! la plupart du temps le microbe ne donne rien.

Rasanville. — Oui,… oui,… je vois. En somme votre œuvre est un champ d’expérience.

Paginet. — C’est-à-dire que c’est le produit d’un champ d’expérience.

Rasanville. — Oui,… oui,… (À part.) Je ne comprends rien du tout à ce qu’elle me raconte. Voilà un article qui ne sera pas facile à faire.

Paginet. — Eh bien ! cher monsieur, voilà ce que j’ai voulu prouver. Voilà mon œuvre !

Rasanville. — Oui,… oui,… et ça prend ?…

Paginet. — Si ça prend ? Nous en sommes au troisième mille.

Rasanville. — Oh !… oh !… (À part écrivant.) L’œuvre compte actuellement 3 000 enfants naturels. (À Paginet.) Eh bien ! Je vous remercie de tous ces petits détails. J’ai là suffisamment, de quoi rédiger un article. Il ne me reste plus qu’à vous féliciter encore une fois de la distinction dont vous, avez été l’objet !

Paginet. — Mais, monsieur, je vois que vous même… (Indiquant le ruban de Rasanville.) Nous sommes collègues.

Rasanville. — Hein ?… ce… oh !… c’est le Christ du portugal.

Paginet. — Ah bien ! c’est déjà ça !… mes félicitations. (L’accompagnant jusqu’au fond.) Au revoir monsieur.

Madame Paginet, entrant de gauche. — Oh ! pas seul !

Rasanville. — Justement vous avez du monde.

Paginet. — Oh ! Ce n’est rien. (À madame Paginet.) Tout de suite, ma bonne.

Rasanville, à part. — Ah ! c’est sa bonne !…

Madame Paginet, à part. — Qu’est-ce que c’est que ce monsieur ?…

Paginet. — je vais vous accompagner.

Rasanville. — Ne vous dérangez pas… (À part.) C’est une femme charmante… (À Paginet.) Au revoir madame !

Paginet, à mi-voix à Madame Paginet, — Bébé, monsieur te dit au revoir.

Madame Paginet. — À moi ?… Oh ! pardon !… au revoir, monsieur.

Rasanville sort par le fond,

Scène IX

Monsieur et Madame Paginet, Joseph

Madame Paginet. — Qu’est-ce que c’est que cet homme-là ?

Paginet. — Un interviewer, chère amie, il vient de m’interviewer !

Madame Paginet. — Hein !… Toi ?…

Paginet. — Oui. Il veut faire de moi une petite biographie dans le journal.

Madame Paginet. — Ah ! bon !… (À part.) J’ai eu peur !…

Joseph, entrant du fond. — Une dépêche pour monsieur !

Madame Paginet. — Une dépêche… Oh mon Dieu !

Paginet. — Ah ! voilà les félicitations qui commencent… (À Joseph.) Il n’est pas venu d’autres lettres pour moi ?

Joseph. — Il y a le courrier de monsieur qui est sur la table !

Madame Paginet, à part : — Le maladroit !