Scène III
Joseph
Joseph entre alors de gauche, 2e plan, tenant un grand verre gravé, comme on en voit dans les foires. On peut lire sur le verre : "À Madame Paginet, Chevalier de la Légion d’Honneur, ses domestiques." Il met le verre à la place de madame Paginet, se recule un peu, pour juger de l’effet, donnant un dernier coup d’œil à la table, puis, allant à la porte de droite ; l’ouvre et annonce : — Madame est servie !…
Scène IV
Joseph, Paginet, Simone, Dardillon, et Madame Paginet
Paginet, Simone, Dardillon et madame Paginet, entrant de droite.
Paginet. — On va se mettre à table.
Simone. — Venez, monsieur Dardillon !
Paginet, à madame Paginet. — À votre place, Madame la légionnaire !…
Madame Paginet. — Ne te moque pas de moi !… (S’asseyant.) Oh ! le beau bouquet, que c’est gentil ! (Dardillon se dandine avec satisfaction.) Je suis sûre que c’est de monsieur Plumarel.
Dardillon. — Naturellement !
Simone. — Non, ma tante !… C’est monsieur Dardillon qui a pensé…
Madame Paginet. — Vous !… Oh ! que c’est aimable !…
Dardillon. — Oh ! Madame !
Paginet. — Allons ! à table !
Madame Paginet, prenant sa serviette et voyant la décoration. — Qu’est-ce que c’est que ça ? Une croix en diamants !…
Paginet. — Elle te plaît ?
Madame Paginet. — Ah ! quelle folie ! Pourquoi as-tu acheté cela ?
Paginet. — Pour mettre avec l’habit.
Madame Paginet. — Hein ?
Paginet. — Non ! Je veux dire avec une toilette de soirée.
Madame Paginet. — Ah ! mon chéri, c’est sur ta poitrine que j’aurais préféré la voir.
Paginet. — Enfin (Changeant de ton.) Eh ! bien, Joseph, on peut servir !
Joseph. — Oui, monsieur !… (À part.) Elle ne voit donc pas mon verre ? (Il range les carafes et pose avec affectation son verre devant madame Paginet. Personne ne fait attention à son manège. Il envoie alors une pichenette avec l’ongle et fait sonner le verre.)
Paginet. — Faites donc attention, Joseph !
Joseph. — Oui, monsieur !… (À part.) Ils ont donc les yeux dans leurs poches ! (Il va au passe-plat.)
Madame Paginet. — Eh ! bien, et monsieur Plumarel ?
Paginet. — Tiens ! c’est vrai !