Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/131

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Madame Livergin. — Ah ! c’est épouvantable !

Plumarel. — Vous voyez bien que le souvenir vous revient !

Paginet. — Oui ! oh ! maintenant, ça me revient ! ça me revient ! Eh bien ! Livergin, mon ami, l’homme que je rendais à la vie, à sa famille, à la France ! c’était le ministre !

Livergin. — Le ministre !

Paginet. — Oui ! c’est lui que j’ai sauvé !

Livergin, à part. — Intrigant

Scène XXII

Les Mêmes, Madame Paginet, puis Dardillon et Simone

Madame Paginet, entrant et apercevant Paginet. — Toi !… Ah ! je savais bien que tu reviendrais !

Paginet. — Ah ! bébé !

Madame Paginet. — Mais où as-tu été, vilain !… où as-tu été ?

Paginet. — Où j’ai été ?… J’ai été faire mon devoir !

Madame Paginet. — Ton devoir ?

Paginet. — Sois fière de moi, poupoule ! je te reviens glorieux et décoré !…

Livergin. — Il est lyrique dans les honneurs.

Madame Paginet. — Décoré ! Toi ! mais comment se fait-il ?

Paginet. — C’est bien simple ! un moment, un éclair a suffi pour faire de moi un héros.

Simone, entrant avec Dardillon à qui elle donne le bras. — Venez ! donnez-moi le bras !… Marchez doucement…

Dardillon. — Oh ! Monsieur Paginet !…

Paginet. — Dardillon ! ici !… Qu’est-ce que vous faites là, monsieur, quand je vous avais défendu…

Simone. — Mon oncle !… ne le bousculez pas ! si vous saviez ce qui lui est arrivé ! un accident épouvantable !…

Paginet. — Un accident ?

Dardillon. — Oh ! oui ! monsieur ! Quand vous m’avez si cruellement chassé, je m’en allais, le cœur brisé, me jurant de ne pas survivre à mon infortune…

Paginet. — Eh bien ! oui ! c’est bien ! après ?

Dardillon. — Tout à coup j’aperçois une superbe voiture emballée !…

Tous. — Hein !…

Dardillon. — N’écoutant que mon désespoir, je m’élance à la tête des chevaux…

Tous. — Lui aussi !…

Paginet, à part. — Ah ! mon Dieu ! quel horrible éclair !… (À tous les autres.) Pardon ! pardon ! j’ai un mot à lui dire !

Tous. — Hein !

Paginet. — Dardillon ! venez ici !

Dardillon. — Ah ! mon Dieu ! monsieur, qu’est-ce qu’il y a ?…

Paginet, bas. — Dardillon ! ces chevaux emballés, cette voiture !… qu’est-ce que c’était que cette voiture ?

Dardillon, de même. — C’était celle du ministre !

Paginet. — Celle du !… Dardillon, vous aimez ma nièce ?… Je vous accorde sa main.