Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/168

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plaisir ?… Eh bien !… Mais il y a des circonstances qui comportent des obligations. Garçon !…

Motchepoff qui, pendant ce qui précède, a réglé son addition et auquel le chasseur a remis son vestiaire et passé son pardessus, s’apprête à sortir.

Motchepoff, reconnaissant le Duc. — Eh ! Pitchenieff.

Il va à lui en passant entre la 1re et la 2e rangée de tables.

Le Duc. — Je ne me trompe pas ! Motchepoff !

Ils se serrent la main par-dessus la. table.

Motchepoff. — Eh ! par notre Père, quelle surprise ! Et dites-moi, Excellence, comment vous allez ?

Il s’assied sur la chaise qu’occupait Clorinde.

Le Duc, s’asseyant sur la chaise face à celle qu’occupait l’Inspecteur, tournant par conséquent à moitié le dos au public. — Je vais, mais très heureux, Monseigneur, que je vous vois. (A un garçon qui s’est approché pour prendre la commande.) Merci, rien !…

Le garçon se retire.

Motchepoff. — Quelle chose en vérité, et que venez-vous ?… (Parlant orcanien.) Poniakoff, madieff, pouckine moï pouvaloffs tiene molk, petites femmes, eh ? (comme intonation :) "Ah ! je vous y prends, mon cher, vous venez ici pour retrouver des petites femmes, eh ? "

Le Duc, se défendant. — Nadié, nadié, nadié ! moï Novalis bebelponief, moï Krani orlowo chez Maxim ! (Intonation :) Mais non ! mais non ! mais non !… vous ne me voyez pas, moi, allant faire la noce chez Maxim !…

Motchepoff, sceptique. — Moio ! Moio ! Moio ! (Intonation :) Allons ! allons ! allons !…

Le Duc, rit, puis apercevant Chandel qui est remonté entre les tables 1 et 2 et est arrivé jusqu’à eux, redevenant sérieux. — Je vous prie, monsieur Pion.

Chandel, vexé, maugréant. — "Monsieur pion !…"

Le Duc. — Allez donc circuler des yeux dans le bar pour moi.

Chandel. — Bon.

Il salue Motchepoff qui se lève poliment et fait le geste de saluer.

Le Duc, voyant le manège, à Motchepoff, avec désinvolture. — Rien !… pion !

Motchepoff, trouvant inutile de saluer. — Ah !

Chandel, remonte. — Oh ! mais il m’agace avec son Monsieur Pion !

Motchepoff, passant entre les deux tables et s’asseyant à la place de Marjolet. — Et dites-moi que devîntes-vous, Excellence, depuis que je ne vous vis ?

Chandel se souvenant de la recommandation du Duc, tout en remontant fait un tour sur lui-même.

Le Duc. — J’ai donc fait mariage. J’ai épousé une française très belle, je peux dire. (Nouveau tour de Chandel.) Elle est aujourd’hui une fois ma moitié.