Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/189

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Arnold. — Voyons, voyons ! C’est pas possible ! Ecoutez-moi… Mimi.. ma chérie Mimi !

A ce moment on entend une sonnerie.

Arnold et La Duchesse, cloués sur place. — Qu’est-ce que c’est que ça ?

Il se regardent inquiets. On entend des bruits de voix, homme et femme, à l’extérieur.

Arnold, à La Duchesse. — Chut ! (Il va sur la pointe des pieds ouvrir la porte du fond du salon et écoute, on distingue alors la voix de Stanislas dominant celle de Sabine : "Mais comment veux-tu ?… la chaîne, etc…", refermant la porte et affolé.) Nom de Dieu ! les patrons !

La Duchesse. — Quoi ?

Arnold, pendant qu’à l’extérieur le bruit de voix continue, accompagné de sonneries prolongées et de coups de poing dans la porte. — Mon frère et sa dame !… Fous le camp !

La Duchesse. Le ménage Stanislas !… Sauve qui peut ! (Elle s’élance vers la porte de gauche et essaie de l’ouvrir, mais elle résiste.) Allons bon !

Arnold. — C’est le bois qui a joué. Attends ! (Il court à la porte et l’ouvre en donnant une pression sur la partie supérieure du battant, en même temps qu’il tourne le bouton de l’autre main.) Là, file… (La Duchesse disparaît ; apercevant le peignoir.) Oh ! (Il le jette dans la chambre puis court au fond, laisse la porte du salon ouverte et va ouvrir la porte d’entrée dont il décroche la chaîne.)

Scène IV

Arnold, Stanislas, Sabine, tous deux en costume de voyage.

Stanislas. — Nous ne pouvions pas entrer, Arnold, vous aviez mis la chaîne.

Arnold. — Ah ! oui,… Monsieur, vous comprenez,… quand on est seul… la prudence !… (Changement de ton.) C’est Monsieur et Madame !… Ah ! bien, je suis bien content !… C’est Monsieur et Madame !… Monsieur et Madame vont bien ?

Sabine. — Merci, Arnold.

Arnold. — Moi aussi, pas mal, merci…

Stanislas, en prenant le manteau de sa femme qu’il va déposer sur le fauteuil gauche de la cheminée. — Allons, tant mieux ! Nous n’avions pas demandé de vos nouvelles, mais ça ne fait rien.

Arnold. — Non, Monsieur. (S’apercevant qu’il a toujours le chapeau de la Duchesse dans la main.) Oh ! (Il le dissimule derrière son dos et profitant que Stanislas est occupé à enlever son propre manteau et Sabine ne le regardant pas, il va Jusqu’à la cheminée, cherche des yeux un endroit pour cacher le chapeau, enfin le met, ainsi qu’une corbeille, au centre de la table, puis regarde le public en ayant l’air de dire : Et voilà !)

Stanislas, à Arnold qui revient à lui et tout en lui remettant son manteau pendant que Sabine retire son chapeau qu’elle dépose sur la table. — Ah ! dites-moi !…

Arnold, empressé, — Monsieur ?…

Stanislas, regardant le coin de feu que porte Arnold, — Ah, çà ! mais qu’est-ce que vous avez donc là ?… C’est mon coin de feu neuf ?