Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/192

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Stanislas : — Comment, non ?

Arnold. — Non ! Monsieur me laissera faire cet ouvrage tout seul.

Stanislas. — Je l’entends bien ainsi ! Allez, mon garçon !

Arnold, à part. — Ah ! bien, voilà encore une heureuse idée !

Stanislas, voyant Arnold qui n’a pas changé. — Eh bien ! vous n’êtes pas encore parti ?…

Arnold. — J’y vais.

On sonne.

Stanislas, étonné. — On sonne !

Arnold, à part. — Allons bon ! qu’est-ce que c’est encore ?

Stanislas. — A cette heure-ci ! Qui ça peut-il être ?

Arnold. — Ah ! Monsieur, je ne vois pas.

Stanislas. — Eh bien ! allez ouvrir !… C’est le meilleur moyen de savoir.

Arnold, riant d’un rire forcé. — Evidemment !… Evidemment, c’est. le… (Remontant.) Quelle nuit ! Mon Dieu ! (Il sort en emportant les sacs et en laissant le battant de la porte ouvert, dépose ses sacs dans l’antichambre et ouvre la porte donnant sur le palier ; apercevant le Duc, il se précipite affolé dans le salon.) Le Monsieur de chez Maxim !

Stanislas. — Quoi ?

Arnold. — Hein ! Non, rien, je ne sais pas !

Il se fait aussi petit que possible, dos au public, entre la porte du salon et la fenêtre ; Pendant ce qui précède on a vu le Duc fermer la porte d’entrée sur l’escalier, puis descendre en scène.

Scène V

Les Mêmes, Le Duc

Le Duc, il est dans la tenue du 2e acte, il a un parapluie à manche recourbé dans la main. Pendant qu’il descend en scène, Arnold ferme la porte du salon derrière lui. — Monsieur Stanislas Slovitchine ?

Stanislas. — C’est moi, Monsieur.

Le Duc, s’incline, cherche des yeux où déposer son parapluie, aperçoit le bras d’Arnold qui, dos au public, fait une pantomime de désespérance et y accroche son parapluie. Mouvement suivi d’un regard d’étonnement d’Arnold sur l’objet qui lui est poussé sur le bras.

Le Duc. — Je suis donc le Duc Pitchenieff.

Stanislas. — Ah ! parfaitement ! Excellence, asseyez-vous donc.

Il indique la chaise à gauche de la table.

Le Duc. — Je vous prie…

Stanislas, qui est allé chercher le fauteuil qui est à droite de la cheminée, à Arnold. — Laissez-nous et préparez ce que vous savez.

Arnold, pendant que Stanislas redescend avec le fauteuil. — C’est ça, Monsieur, c’est ça. (A part.) Courons l’avertir.

Pour passer sans être reconnu, il ouvre le parapluie et se dissimule derrière, il entre dans la chambre