Sabine, avec indifférence, dédaigneuse. — Ah ! il a bien tort.
Stanislas, avec une lueur d’espoir,,- Ah ! vraiment !
Sabine le toise avec dédain et gagne la droite, près du bureau.
Le Duc, retenant Stanislas, qui esquissait le mouvement d’aller vers sa femme. — Slovitchine, mon ami, tout est arrangé. Je viens de causer avec la Môme Crevette. Elle accepte.
Stanislas, regardant la Duchesse et approuvant de la tête. — Ah !
Sabine, narquoise, de l’autre côté du bureau. — Eh ! oui, elle accepte !…
Stanislas, étonné, se retourne, regarde sa femme ; puis ne sachant que dire. — Ah ! (A part.). Comment, ma femme s’en mêle ?
Le Duc. — Ah ! vous avez eu une fière idée en me proposant la Môme Crevette.
La Duchesse, entre ses dents, à elle-même. — Ah ! oui !
Le Duc. — Mais cela vous sera compté, car ce seul fait ne suffit-il pas à rassurer votre femme ?…
Sabine, avec ironie. — Certes !
Stanislas. — Non, vraiment ? (Avec des yeux de chien couchant.) Alors, tu es satisfaite ?
Sabine, avec ironie. — Très.
Le Duc, intervenant, en se méprenant au sens de leurs propos, tout en rattrapant Stanislas comme précédemment. — Elle est enchantée.
Scène XI
Les Mêmes, 1er Officier, Serge, en grande tenue royale
1er Officier, arrivant de gauche. — Sa Majesté le Roi.
Le Duc. — Sa Majesté !… Vite !… (Voyant Stanislas qui fait mine d’aller à sa femme.) Restez, Slovitchine. (Slovitchine fait une grimace de mauvaise humeur, mais reste. Aux deux femmes.) Laissez-moi un instant, Mesdames, que je touche un mot de la chose à Sa Majesté.
Sabine sort fond droit, la Duchesse, fond gauche. Stanislas remonte pour suivre des yeux sa femme qui s’en va.
Serge, paraissant, le bonnet d’astrakan gris à aigrette blanche dans le bras gauche, achevant de mettre ses gants. — Là, je suis prêt.
Il va s’asseoir contre le bureau sur lequel il dépose son bonnet.
Le Duc, tout ému. — Ah ! Sire, que je suis heureux de revoir Votre Majesté ! Si vous saviez par quelles émotions Votre Majesté m’a fait passer.
Serge. — Bah ! Ne me grondez pas. J’ai fait la noce, c’est de mon âge.
Le Duc. — Mais, évidemment, c’est de l’âge de Votre Majesté ! C’est ce que je disais, tenez, précisément à Monsieur. (Il indique Stanislas qui a fait le tour au fond et se tient discrètement à distance.) M. Stanislas Slovitchine, un de vos fidèles serviteurs, qui m’a donné des témoignages précieux de son dévouement à Votre Majesté.
Serge. — Ah ! Monsieur.
Il lui tend la main de haut, la paume en bas. Stanislas qui s’est avancé, s’incline profondément en portant