Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/233

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Elle remonte.

Stanislas, la suivant. — Sabine, voyons, laisse-moi t’expliquer !

Sabine, sèchement. — Rien.

Elle sort au fond.

Le Duc, qui est remonté à leur suite, mais par l’autre côté de la table. — Ecoutez, mon cher, je suis désolé !…

Stanislas. — Ah ! laissez-moi tranquille ! (Courant après sa femme.) Sabine ! Ecoute-moi, Sabine !

Il sort.

Le Duc, aux officiers. — Eh bien ! en voilà une histoire !… Mais alors, quelle donc est-elle, cette môme Crevette ?… Par Dieu le Père, je suis curieux !…

Il frappe à la porte de la Duchesse.

La Duchesse, qui est debout devant le miroir près de l’armoire. — Entrez !…

Le Duc. — Je vous demande pardon, Madame…

La Duchesse, se retournant à la voix de son mari. — Dieu !

Le Duc. — Ma femme ! (Il bondit sur elle.) Vous !… vous ici !… misérable !

Il l’entraîne comme un fauve dans le salon.

La Duchesse. — Mon Dieu ! mon Dieu ! laissez-moi !

Le Duc. — Taisez-vous !

Il repousse la Duchesse qui tombe à genoux.

Les Officiers, inversement et essayant de retenir le Duc. — Au nom du ciel, Excellence !…

Le Duc, les faisant taire. — Et vous aussi !… (A la Duchesse tout en essayant de se débarrasser des officiers qui le retiennent.) Criminelle ! trompeuse ! Un pistolet !… Un poignard, que je la tue !

1er Officier, revenant pour l’exhorter au calme. Obanef ropati teteloff popolski Koneti.

Les deux autres officiers, sur un ton suppliant. — Tchin ! Tchin !

Le Duc, ne voulant rien écouter. — Je veux la tuer, je vous dis, je veux la tuer !

La Duchesse. — Au secours ! au secours !

Deux des officiers, retenant le Duc. — Excellence ! Excellence !

1er Officier, relevant la Duchesse. — Sauvez-vous, madame, sauvez-vous !

Il la fait passer dans la pièce de gauche où elle s’affale épuisée contre la coiffeuse en comprimant les battements de son cœur, tandis que lui reste devant la porte, prêt à toute éventualité.

Le Duc, brusquement, reprenant possession de lui-même. — Vous avez raison ! Puisque dans ce pays on n’a donc pas le droit de se faire justice soi-même. (Il s’est dirigé vers la porte que garde le 1er officier, celui-ci voulant essayer de la barrer, le Duc l’écarte sèchement :) Allez ! (L’officier obéit.) J’aurai donc recours à la loi. (Il ouvre le tambour et de la serrure de la porte il tire la clé après avoir donné un double tour, puis mettant la clé dans sa poche, martelant chaque mot.) Je vais chercher le commissaire de police.