Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/36

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vous aviez confié votre cause ! et n’était l’amour profond qu’elle a pour vous, auquel j’ai fait appel, je ne sais pas comment, j’en serais venu à bout.

Germaine. — René, je vous en prie…

Madame de Sorges. — Oh ! mais va, je suis bien heureuse !

Germaine. — Ah ! je le savais bien !

Madame de Sorges. — Mes chers enfants !

René. — Enfin, maintenant, c’est fini, Dieu merci, tout s’est bien passé et… (il a un frisson.)

Madame de Sorges. — Qu’est-ce que tu as !

René. — Rien ! un peu de fièvre… C’est l’effet de ma piqûre.

Madame de Sorges. — Robert fermez les fenêtres !… (Robert ferme les portes vitrées du fond.) Il ne faut pas que tu prennes froid et puis tu serais mieux, couché, ta tête est brûlante. Je vais monter moi-même te préparer tout dans ta chambre.

René. — Oh ! laissez ce soin à d’autres, ma mère !

Madame de Sorges. — Non, non, du tout ! je veux que ce soit moi. Quand mon fils est malade, c’est à moi sa mère de le soigner… c’est bien le moins ! (Elle sort.)


Scène X

Les mêmes, moins Madame de Sorges

Germaine. — Comme votre mère vous aime, René ! Ah ! si vous l’aviez vue tout à l’heure ; elle, si douce et si bonne, elle me faisait peur !… Heureusement, Dieu a été pour nous ! Il n’a pas voulu qu’il vous arrivât malheur.

René, souriant. — Mais ni moi non plus ! Et je vous assure que j’ai tout fait pour cela !

Germaine. — Ah ! votre mère eût été impitoyable pour moi… moi-même je me demandais si j’avais bien agi, si j’avais fait mon devoir et si je ne m’étais pas laissé entraîner par vos paroles. Oh ! quel bonheur inexprimable ça été pour moi quand je vous ai vu revenir.

René. — Ah ! ma chère Germaine, que vous êtes digne