Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/70

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Est-ce qu’une fille parlerait jamais de la sorte ? Allons donc… Il n’y a qu’une chose que je lui reproche… je la trouve un peu trop… trop indifférente à mon égard… oui, je… enfin, elle ne paraît pas avoir plus d’inclination pour moi que pour ce petit imbécile de Tristan qui fait tant le fat parce qu’il est lieutenant aux chasseurs d’Afrique… Et si je l’épouse… ce n’est pas parce que je suis monsieur de Lérigny, parce que je suis mieux fait qu’un autre - oui, on dit que je suis assez bien fait - parce que je lui plais, enfin, non c’est parce que je suis arrivé une demi-heure plus tôt que le baron Tristan… (Il se met à rire). Tenez, vous allez dire que ça n’a pas de rapport, mais… je ne sais pas pourquoi… ça me fait penser aux omnibus où le premier venu peut prendre place… Le tout c’est d’arriver à temps… tant pis pour les retardataires… quand il n’y a plus de place, on vous crie : « complet »complet, et l’on vous envoie promener… Eh bien ! oui… je sais bien que ça n’a pas de rapport… mais que voulez-vous, c’est malgré moi… c’est égal je crois qu’au fond, elle doit me préférer à lui… oui… c’est évident… seulement comme elle est très froide et… Tenez, j’aime presque autant la voir ainsi. Avec un caractère aussi indifférent que le sien, au moins je pourrai être sûr de ne pas être trompé.


Scène III

Roger, William.|c}}

William Dis donc, monsieur, tu ne sais pas où est tante Cora ?

Roger Tiens ! voilà mon petit William ! Allons, hop ! sur mes genoux… Eh bien, on ne m’embrasse pas ?

William. l’embrassant

Je cherche tante.

Roger Qu’est-ce que tu lui veux ?

William Je veux lui demander un chocolat parce que miss a dit que j’avais bien fait ma page d’écriture.

Roger Ah ! C’est très bien ça, je vois que tu veux devenir un homme !