Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/71

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William Oh ! oui, pour avoir de vrais enfants !

Roger. stupéfait

Hein !…

William Oui… ma tante me donne bien ses poupées mais elles disent seulement « papa » et « maman », et puis, voilà tout.

Roger. s’amusant de la naïveté de William

Alors, tu te marieras plus tard ?

William. parait embarrassé, puis, soudain

J’sais pas, mais je veux des petits enfants… Dis donc sais-tu où qu’on les achète ?… ma tante n’a pas voulu me le dire…

Roger Ah ! Je ne sais pas ! moi non plus, elle n’a pas voulu me le dire encore.

William. subitement

Est-ce que tu aimes le chocolat ?

Roger Oui, assez ! Tu veux me donner le tien ?

William. naïvement

Non, mais si tu veux, j’en demanderai un aussi pour toi à ma tante et… tu me le donneras, dis ?

Roger. riant

Roger, riant. — Gros gourmand ! (il le soulève en l’air et l’embrasse) Allons, va !

(William sort.)



Scène IV


Roger. le regardant partir. — Est-il gentil, ce galopin-là… (après un moment de silence où il reprend en souriant malicieusement.) Quand j’en aurai un comme ça, moi aussi ? Car j’espère bien en avoir un… pour commencer. C’est étrange tout de même, l’effet que ça me fait ! Penser que bientôt, un petit être comme celui-là m’appellera papa. Rien qu’à cette idée ! Ah ! (Il chante, sur l’air de la "Dame blanche"), "Ah ! Quel plaisir ! Ah ! Quel plaisir ! Ah ! quel plaisir d’être papa…" allons, je dis des bêtises, à présent… c’est ce petit bambin qui m’a mis ces idées-là dans la tête ; tiens, mais, au fait, c’est mon neveu à présent… mais oui… puisque Cora est sa tante… encore une preuve de générosité et de grandeur d’âme ! Vous avez vu cet enfant-là. Eh bien ! sans Cora, peut-être en ce moment serait-il en train de mourir de faim, oui… de mourir de faim ! C’est le fils d’une sœur qu’elle avait en Amérique. Un beau jour, cette sœur mourut laissant ce