Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/72

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pauvre petit être seul et sans secours au monde… Eh bien ! Cora n’hésita pas un instant… elle adopta l’enfant… et ne cessa de lui prodiguer les soins les plus maternels. Ma parole d’honneur ! vous pouvez m’en croire. C’est elle-même qui me l’a raconté ! Eh bien ! Est-ce que ce n’est pas beau ? Est-ce qu’une autre ferait jamais cela ?… Ah ! bien oui… allons, allons, elle sera ma femme en dépit de tout le monde, mes parents se fâcheront, je le sais, mais je réponds bien qu’après mon mariage, lorsqu’ils connaîtront mieux ma femme, ils me tendront la main et seront les premiers à me féliciter. (Il aperçoit Tristan qui arrive) Ouf, le petit baron ! (Il s’asseoit avec affectation dans un fauteuil, allume une cigarette.)



Scène V


Roger, puis Joseph, suivi de Tristan, en uniforme

Joseph. — Par ici, monsieur !

Tristan. — Annoncez monsieur le baron Tristan.

Roger, sans regarder Tristan, en lançant une bouffée de fumée en l’air. — C’est inutile, Joseph !

Tristan. — Plaît-il monsieur ?

Roger, très aimable. — Je dis, monsieur, que c’est inutile…

Tristan. — Comment cela ?

Roger, sans répondre à sa question. — Vous allez le savoir. Asseyez-vous donc, monsieur le baron… Tristan.

Tristan. — Merci, je suis bien debout.

Roger. — Libre à vous, cher monsieur, libre à vous, mais vous trouverez bon que j’en use autrement parce que, voyez-vous, il n’y a rien de tel au monde que de rester assis quand on est fatigué !

Tristan, à part. — Ah ! mais il m’agace ! (haut) Ah çà, monsieur, pourriez-vous me dire ce que signifie…

Roger, très sérieux, — Mais très volontiers, monsieur… avez-vous vu jouer Les Brigands ?

Tristan, bourru. — Plaît-il ?

Roger, très sérieux. — Je vous demande si vous avez