Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/74

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il s’en est fallu de bien peu que ce ne fût vous… Si seulement vous étiez arrivé une heure plus tôt… la Comtesse n’avait de préférence ni pour l’un ni pour l’autre vous aviez autant de chances que moi… (chantant.),

Mais par un malheureux hasard,

Quand vous voulez vous marier

Vous arrivez, vous arrivez, vous arrivez

Un peu trop tard,

(Il part d’un grand éclat de rire.)

Tristan, exaspéré. — Monsieur… Je vous défends… Je suis lieutenant aux Chasseurs d’Afrique moi… monsieur !

Roger. — Eh ! bien, ce que vous avez de mieux à faire, monsieur le lieutenant, c’est de gagner au plus vite votre régiment… Vous y trouverez des distractions qui…

Tristan. — Ah ! mais monsieur cela ne se passera pas ainsi… vous m’en rendrez raison… Je renonce moins que jamais a ce mariage… et comme vous êtes seul à l’entraver, je n’ai qu’un moyen, c’est de vous supprimer.

Roger. — A moins que ce ne soit moi qui vous fasse passer l’arme à gauche, monsieur le militaire.

Tristan. — On voit bien, monsieur, que vous ne me connaissez pas…

Roger. — Peut-être, mais je puis vous certifier qu’il est des gens en France qui vous peuvent valoir…

Tristan. — Nous verrons bien… Demain, monsieur j’aurai l’honneur de vous envoyer mes témoins.

Roger. — Je suis à vos ordres, monsieur…

Tristan, saluant comme pour sortir. — Monsieur…

Roger, saluant. — Monsieur… Ah ! à propos, avec quelle arme aurai-je l’honneur de vous… futt. (Il passe rapidement sa main devant sa bouche pour faire comprendre à Tristan qu’il compte le supprimer.)

Tristan, narquois. — Vous conservez toujours le mot pour rire monsieur de Lérigny… Si vous le voulez bien, nous choisirons le pistolet.

Roger. — Le pistolet, soit, j’y suis très fort ; et comme c’est vous qui m’avez provoqué c’est moi qui aurai l’honneur de tirer le premier… Or je vous avertis que je ne manque jamais mon but.

Tristan, d’un air de doute. — Jamais !