Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/76

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Scène VI


Roger, seul. — Eh ! mais… voilà ce qu’on peut appeler une journée bien remplie. Dans l’espace d’une heure, prendre possession d’une femme, de sept millions et… d’un duel, c’est une jolie entrée en matière (riant). Et dire qu’avant même d’être marié, je me bats déjà pour ma femme ! Cela promet… Il est vrai que l’adversaire n’est pas bien dangereux… Ce pauvre petit baron… il suffira de lui montrer le canon de mon pistolet pour le faire détaler au plus vite et, ma foi, je me contenterai de lui loger une balle… dans… dans la figure qu’il me présentera… Vraiment je me ferais un scrupule de le tuer, cet imbécile… pourvu que j’épouse Cora, que m’importe le reste !… (Il s’asseoit sur le divan.)



Scène VII


Roger, Cora, en peignoir de satin blanc.

Cora. — Me voici, est-ce que j’ai été longue ?

Roger, tendrement. Toujours trop, à mon gré, vilaine !

Cora, riant, elle s’assied sur une chaise. — Que vous êtes drôle, monsieur de Lérigny ! Mais, en Amérique lorsque les messieurs nous font la cour… ils ne parlent pas du tout comme cela.

Roger, inquiet. — Hein !

Cora. — Je vous l’assure… Quand nous plaisons à un américain, il nous dit tout simplement : "Miss ! You are very pretty, I’love you…".Et cela suffit.

Roger. — Ah !… c’est comme cela que… Eh bien ! Je vous remercie de la leçon !

Cora. — A propos… Et le baron Tristan ?… Est-il parti ?

Roger. — Oui !

Cora. — Avez-vous fait ce que je vous avais recommandé ? Avez-vous pris des ménagements ?…

Roger. — Oh ! pour cela, on ne peut rien me reprocher…

Cora. — Enfin que lui avez vous dit ?