Page:Feydeau - Un bain de ménage, 1889.djvu/17

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Scène VIII.

ADÉLAÏDE, COCAREL.
Cocarel.

Pristi ! il fait noir comme dans un four !

Adélaïde, à part.

C’est Monsieur, je ne me trompais pas.

Cocarel.

Où a-t-on mis les bougies ? (il cherche à tâtons) Oh ! je suis furieux ! (Il se cogne contre un meuble.) Pardon ! Il n’y a qu’à moi, il n’y a qu’à moi qu’il en arrive de pareilles ! Non, c’est énorme ! (Il se cogne contre un autre meuble.) Pardon ! À peine suis-je descendu que le concierge m’appelle et me dit : « Il y a une lettre pour Monsieur »… Je reconnais l’écriture ; qu’est-ce que c’est, me dis-je ? Je romps, je romps le cachet et je lis.

Adélaïde.

Ah ! t’as pas fini ?

Cocarel, machinalement.

T’as pas fini ! hein ! les oreilles m’ont corné… je lis… ; « Mon gros So… », elle m’appelle toujours son gros So…, abréviation de Sosthène. « Mon gros So, ne viens pas ce soir, mon singe m’emmène chez Bidel. » Comme s’il ne pouvait pas se dispenser de ces réunions de famille. C’est énorme ! Je suis furieux !… Dieu que c’est embêtant !…

Adélaïde, à part.

Est-ce qu’il ne va pas s’en aller ?

Cocarel.

Avec tout ça, je ne trouve pas les bougies. (Il se cogne dans la baignoire.) Crac ! allons bon !… Comment ; ma femme a déjà pris son bain ?… Oh ! elle aura changé d’idée. C’est si capricieux les femmes ! Elle a fait préparer son bain et puis elle ne l’a pas pris… C’est bien ça !… non, c’est énorme ! enfin ! (Il se dirige vers la chambre.) Allons, je trouverai de la lumière chez moi.