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ÉPREUVES MATERNELLES

l’attendait avec impatience. Il vit l’air grave de sa femme et la questionna sans tarder :

— Eh ! bien…

— Attends que Marie soit sortie pour une course.

— Tu m’intrigues.

Mme Rougeard dès qu’elle le put raconta ses démarches.

Le magistrat la laissait parler sans l’interrompre.

— Quelle drôle d’histoire !

— C’est une énigme, je te le disais bien.

— Mais personne ne sait d’où elle vient ?

— Personne.

— C’est bizarre… Heureusement que nous n’avons ni enfants ni petits-enfants, je ne serais pas tranquille.

— Comment, toi aussi ? s’écria Mme Rougeard, effrayée… Tu as pourtant vu tant de choses.

— Oui, mais ceci est obscur, rampant, sournois… on se heurte à l’inconnu. Cette dame Pradon a des données pour accuser ainsi et cela m’ennuie d’avoir cette femme à la maison.

— Tu divagues, mon ami !

Mme Rougeard était toute surprise.

Si cette femme, continua le magistrat a quelque crime sur la conscience, mon devoir est de faire une enquête sur elle. Je vais m’en ouvrir à un de mes anciens collègues encore en fonctions et nous parviendrons à savoir la vérité.

— Elle faisait si bien mon affaire ! s’exclama Mme Rougeard fort ennuyée.

— Il est possible que cette enquête ne révèle rien de fâcheux, mais je ne puis, en qualité de magistrat, abriter un être soupçonné.

L’excellente dame regrettait presque sa curiosité.

Elle vivait heureuse avec cette Marie charmante et elle avait gâté son bonheur.

Marie Podel ne se doutait nullement du travail occulte que la destinée tramait contre elle.

Les jours lui paraissaient longs et elle devint triste. Ses chers petits lui manquaient atrocement et elle conjurait le ciel d’avoir pitié d’elle.

Un jour, alors que ses maîtres terminaient leur déjeuner, elle entendit le magistrat qui jetait un coup d’œil sur les nouvelles de son journal.

— Tiens, le grand industriel Domanet…