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AUTOUR D’UN CANDIDAT

simplement, et cela lui donne des allures de femme ambitieuse… Ce cher Alfred !… Il a douze mille francs de rente… Par le temps qui court, ce n’est pas à dédaigner… Avec les six mille que tu as, vous pourriez débuter dans la vie, d’autant plus que tu m’apprends qu’il compte sur une situation… Une mission aux colonies est toujours bien rémunérée… Tu irais avec lui… tu n’as jamais voyagé…

Mme Lydin, assise maintenant dans un fauteuil confortable, prononçait ces paroles comme en un rêve. En femme expérimentée, elle supputait les avantages de cette union, ne voulant pas laisser son unique enfant aux hasards d’une existence précaire.

Elle parut se réveiller en sursaut pour s’écrier en reprenant son ton de combat :

— Tu vas me faire le plaisir d’être un peu plus aimable avec Alfred… de moins rire et de soigner ta toilette… À quoi serviraient les robes que tu as apportées ?… Tâche de te montrer à ton avantage… Du moment que tu n’es pas trop laide, il faut sertir un peu cette beauté…

— C’est inutile, maman… interrompit Isabelle avec un frais éclat de rire.

— Comment !… tu vas laisser passer cette occasion exceptionnelle !… clama Mme Lydin qui s’emportait… Un homme qui aura une mission aux colonies… qui sera en vedette, avec son nom dans les journaux !… et qui sera décoré sans nul doute… Tu es inouïe, ma parole !…

Mme Lydin avait quitté son siège et parcourait la chambre en insistant sur les avantages du parti nouveau inespéré.