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celle que je souhaitais. Hélas ! il n’y fallait, pas songer.

Je foulais d’un pas un peu saccadé la berge du lac. L’eau était d’un bleu idéal et tout me semblait si calme et paisible, tout reflétait un tel bonheur que, brusquement, rien ne me parut impossible.

Je regagnai mon studio. Je rêvais naturellement d’un appartement plus spacieux et plus confortable mais je m’efforçais de patienter. Je ne voulais rien changer à mes habitudes avant de connaître la réponse de Gustave. Jusque là, je devais attendre.

Je me signifiai cette conduite comme je l’aurais signifiée à quiconque m’eût demandé conseil. Je me morigénai en m’intimant l’ordre d’agir avec sagesse. Cette mercuriale adressée à mon imagination surexcitée me fit du bien. Je me sentais prête à user de circonspection.

Quelques jours s’égrenèrent dans une patience relative. Par moments, exaspérée par l’attente, J’éprouvais un sursaut de révolte, mais je le réprimais sans trop d’efforts.

Enfin, un soir, Pauline frappa à ma porte.

Dès qu’elle entra, l’expression de son visage me fit comprendre que ma cause était perdue. Sans même lui dire bonjour, je criai :

— Il ne veut pas ? Il refuse ?

J’étais sûre de la réponse, mais j’éprouvai malgré tout un déchirement atroce quand elle répéta après moi :

— Il refuse.

Ces deux mots me parurent représenter l’effondrement de toute mon existence et je me sentis

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