Page:Fiel - Coups de foudre, 1947.pdf/27

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aussi humiliée que si l’on m’eût surprise en train de dérober le bien d’autrui.

Je balbutiai sans bien savoir ce que je disais :

— Ce n’est pas possible… il est fou ! Vous êtes certaine qu’il ne veut pas ? C’est définitif ?

Puis, bêtement, j’éclatai en sanglots, tout en continuant de bégayer, à travers mes larmes :

— Je vous assure que j’aurais été une bonne épouse ; cette démarche était faite en vue de son bonheur autant que du mien. Vous me connaissez, Pauline… n’est-ce pas ? Vous savez que je suis bien gentille, pas effrontée pour deux sous. Je ne pensais qu’à le rendre heureux ! Maintenant, Que va-t-il penser de moi ? Ah ! que je suis donc malheureuse !

J’étais redevenue une enfant à qui l’on refuse le jouet convoité. Je n’avais plus ni raison, ni discernement, ni énergie. Ni gratitude non plus. En effet, je ne m’occupais pas de savoir ce que cette démarche avait pu coûter à Pauline et j’étais prête à lui faire grief de cet échec. Elle n’avait pas dû agir avec assez d’adresse, sa requête avait été probablement présentée de telle sorte que je restais maintenant, non seulement célibataire, mais encore déshonorée… Et les consolations que m’adressait mon amie me paraissaient hypocrites ; ses démonstrations affectueuses un comble de fourberie. Ma déception était si profonde Que je devenais injuste et méchante.

Je repoussai Pauline qui me serrait contre elle et je me mis à gémir :

— Que vais-je devenir maintenant avec une telle tache sur ma réputation !

Mon amie sourit tristement :

— Voyons, Ila, n’exagérez pas !

Je l’interrompis avec violence :

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