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marthe fiel

Mais Nil s’obstinait dans son silence. Il ne voulait pas dénoncer et attendait que la lumière se fît. Sa confiance en la justice était inébranlable.

Il enterra son petit ami inférieur avec des larmes. M. Bompel lui promit un petit chien dès que Legrise serait parti. Il ne fallait pas tenter ce dernier et donner prise à sa malice.

Comme le rêve de Nil était de posséder un chien, il finit par se rasséréner et il se présenta au dîner avec un visage qui avait repris son expression coutumière de calme.

M. Bompel, cette fois, n’essaya pas de le confesser. Il voulait le laisser à ses réflexions. Il le savait prudent et il jugea que le temps apporterait une lueur dans ces actes ténébreux. Il méditait pourtant d’avoir un entretien sérieux avec M. Legrise, afin de le mettre en éveil sur les agissements de son fils.

Nil prit le parti, sans rémission, de ne plus fréquenter Legrise.

Quand le dimanche suivant, ce dernier vint le chercher, en compagnie des Ladoume, il refusa de se joindre à eux.

Ils voulaient effectuer une promenade avant leur répétition et ils plaisantèrent gaîment Nil sur son insociabilité.

Legrise insista pour que Nil les accompagnât.

— Tu as peur ! lui souffla-t-il.

Vrai Judas, il faisait le bon apôtre et semblait prendre le beau rôle. Il affectait d’être peiné de n’avoir pas son camarade avec lui. Il allait même jus­qu’à paraître lui pardonner tout ce qu’il avait supporté à cause de lui…