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inférieures. On lui objectait que l’amour pouvait parfois être une circonstance atténuante, mais elle le niait. L’amour ne comptait pas pour elle, ainsi qu’une puissance, mais comme un parasite qu’on pouvait faire disparaître à son gré.

Elle estimait Christiane parce qu’elle la voyait résister à ce sentiment, et elle ne manquait jamais de prôner les bienfaits du célibat à l’issue de toutes les réunions où se trouvait la jeune fille.

Cette fois encore, elle n’y manqua pas.

Mlle Gendel entendit sa parole vanter la paix du cœur et l’indépendance des actes.

La « paix du cœur » lui apparut comme un bien inestimable qu’elle était loin de posséder.

L’apôtre du célibat se tut. À vrai dire, il ne se trouvait que Christiane pour profiter de la leçon, les autres personnages étant des fruits mûrs.

Elle sortit et Mme Fodeur s’arrangea pour la rejoindre.

La conversation eut trait tout de suite à Bertranne. Cela provenait encore de l’ironie du destin, parce que Christiane était la première à n’en pas vouloir parler et que Mme Fodeur abordait assez rarement le sujet de sa fille.

— Ma Bertranne me fait peine… Elle travaille avec tant d’ardeur, que je crains qu’elle ne se fatigue irrémédiablement… Mon rêve est de la voir mariée, puisque nos moyens ne