Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/209

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surprise… Ah ! ce « moi » de l’autre, qu’on ne peut approfondir !

Christiane écoutait, frémissante.

Elle reconstituait aisément cette attitude.

Robert pensait à elle malgré tout. Un malaise l’enveloppa comme d’un suaire glacé.

Robert escomptait ses visites, il espérait la revoir, causer avec elle. Sans doute Bertranne finirait-elle par s’apercevoir du penchant de son mari.

La malheureuse Christiane était au supplice en évoquant l’avenir. Bertranne poursuivit :

— Mon mari est repris d’une fièvre de travail. Il sort beaucoup. De mon côté, j’ai été remise en goût pour la médecine, après avoir rencontré mon cher professeur. Il m’a invitée à faire quelques études intéressantes à l’amphithéâtre et j’irai.

Christiane se récria :

— Ne fais pas cela, Bertranne !

— Pourquoi ?

— Je trouve, maintenant, que seul ton foyer doit t’occuper… Tu as tellement désiré le foyer où tu es parvenue que je suis étonnée de te voir délaisser ton intérieur, pour des travaux que tu considérais comme un pis-aller pour une femme. T'ai-je assez souvent entendue répéter que la maison était l’asile, que le mari devait posséder tous les soins et attentions de sa femme, que celle ci ne devait s’acharner qu’à s’embellir, se cultiver pour celui qu’elle aimait.

— Hélas ! on évolue… J’avoue