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marane la passionnée

— Ce sera pour beaucoup plus tard, Monsieur le curé ; je ne veux pas du tout me confesser en ce moment.

J’entendis un cri terrible. C’était maman qui l’avait poussé. Elle bégaya d’une voix saccadée :

— Vous voyez… vous comprenez… elle a un secret horrible qu’elle nous cache.

Épouvanté, le pasteur murmura :

— Sauvez-la, Seigneur !

Je les contemplais tous deux avec un désespoir muet.


XIII


Le lendemain, je me réveillai d’humeur gaie. J’avais une perspective heureuse pour ma journée.

Je devais rejoindre Mme Descré et lui montrer mon rocher favori. Je supposais bien que son fils nous accompagnerait. Toute la matinée, je chantai, et maman s’informa de la cause de ma joie.

Je ne la lui célai pas. Je l’éclairai avec la plus entière franchise.

— Cet après-midi, Maria Lespir ira se promener avec la mère de l’homme qu’elle aime.

Cette réponse eut le don d’exaspérer maman.

— Je t’enfermerai !

— Oh ! maman, je vais me méfier. Comment peux-tu me faire peur ainsi ! Je ne veux pas être impolie en manquant de parole à cette dame.

— Je t’accompagnerai !

— Sur les rochers où tu as le vertige ?

Maman ne me répondit pas. Je connais sa terreur des escalades. Elle dit :

— Pas plus que moi, cette dame ne pourra grimper dans ces chemins dangereux.

— Oh ! dangereux. Ils sont faciles ; puis, si elle reste en route, cette maman, tant pis ! J’escaladerai seule avec le fils.

— Je te l’interdis.

J’avais trop parlé et je craignais que ma mère ne me retînt de force. Je devins douce et attentionnée.

Maman restait soucieuse.