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SUR LE SOL D’ALSACE

faire, je ne puis obéir à mon père… Je ne veux pas être allemand. Depuis ma petite enfance, j’ai lutté avec ce sentiment… je voulais être français…, tout m’y invitait : le beau passé de Greifenstein, l’annexion de l’Alsace-Lorraine… Il ne faut pas que les fils d’Alsaciens se montrent inférieurs à leurs pères… il faut que notre âme libre s’affirme tous les jours pour que l’ennemi nous sache bien indomptables… Le passé nous a rendus belliqueux, nous devons nous souvenir, pour être forts quand viendra le moment de combattre… Tu dois comprendre tout cela, toi, maman, qui es restée Alsacienne malgré tout. Je sais que tu sens comme moi, sans cela je ne serais pas ton fils… »

Venaient ensuite quelques détails sur la famille Daroy. Il l’informait aussi qu’il répondait à son père et s’excusait très tendrement de ne l’avoir pas prévenue de son projet.

Wilhelm, machinalement, replia la lettre et la remit dans son enveloppe. Puis, il s’approcha de sa mère et l’aidant à se relever dit :

— Maman, il faut que Fritz revienne… Son rêve a duré trop longtemps. Nous sommes aux