— On s’y traîne… on y bâille… on ne sait où aller…
— C’est donc pour cela que tu es venu chez moi ?
— Pas du tout !… J’y suis venu, poussé par mon destin… qui me suggérait que j’avais tout à gagner à te connaître davantage…
— Merci… mon vieux…
— Je suis accouru surtout pour te demander conseil… ajouta Francis qui sentait le besoin de réparer… je t’ai jugé très bon… très sincère… avec un bon sens étonnant.
— Dieu me damne… si j’avais mon bon sens ce soir-là !
— Mais si… mais si… il perçait dans tes paroles malgré toi…
— Je me rappelle vaguement que je voulais vous montrer à danser le tango sur la tête…
Les deux camarades rirent follement à ce joyeux souvenir et quand ils furent calmés, Louis dit :
— Qu’est-ce qui te tracasse ?
— Je voudrais me marier…
— Tiens… moi aussi… et sais-tu à ce propos… qui M. Ripois veut me faire épouser ?
— Non…
— Une de tes sœurs… l’aînée…
— Ninette !
— Quoi… elle s’appelle Ninette ?
— Non… c’est un surnom… Tu l’aimes ?
— Quoi… le surnom… ta sœur ? Je ne la connais pas… je ne l’ai jamais vue…
— C’est merveilleux… le doigt du destin me conduit… j’avais l’intention d’aller dans ma famille… et je vais y arriver juste pour ton mariage avec ma sœur… Comme les choses s’arrangent !
— Halte-là ! ce n’est qu’un projet !
— Nous allons être amis comme des frères… que c’est beau la vie !…
— Ne t’emballe pas !
— Ninette est une si bonne fille… mais tu es sûr qu’elle est d’âge à se marier ?
— Je n’en sais rien… maman m’a dit… je crois qu’elle avait dix-neuf ans…