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de faire à Jones une sévère réprimande. Ceux qui regretteront de ne point la trouver ici, pourront relire, dans le premier livre de notre histoire, la mercuriale à peu près semblable, adressée par le respectable écuyer à Jenny Jones. Avec de légers changements, elle s’applique également bien aux deux sexes. Le jeune homme dont le cœur n’étoit point endurci, fut profondément touché des reproches de son bienfaiteur, et se retira dans sa chambre, où il passa le reste de la soirée livré à de pénibles réflexions.

Son inconduite causoit un chagrin sensible à M. Allworthy. Ce digne homme, malgré les assertions de M. Western, s’étoit toujours montré le partisan des bonnes mœurs, et l’ennemi du libertinage. Rien de plus faux que les couleurs sous lesquelles il avoit plu à son voisin de le peindre. Il lui prêtoit des aventures galantes à l’université, où il n’avoit jamais été, et une légèreté de caractère démentie par une sagesse constante. Nous sommes obligé de convenir que M. Western ne se piquoit pas d’une grande véracité. Narrateur peu scrupuleux sur l’exactitude des faits, il se permettoit volontiers cette espèce de plaisanterie qui passe souvent dans le monde pour de l’esprit, et que la politesse seule nous empêche d’appeler du nom qu’elle mérite[1].

  1. Lie, mensonge. Trad.