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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/78

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CHAPITRE XI.

est M. Thwackum ? Je n’élève aucun doute sur votre véracité. Je veux seulement, par un sérieux examen de cette affaire, justifier aux yeux du monde le châtiment que je réserve à ce monstre. »

On fit venir Thwackum ; il confirma pleinement le récit de Blifil, et montra pour preuve sa poitrine, où le poing de Jones avoit imprimé des caractères encore très-visibles. Il dit à M. Allworthy, qu’il l’auroit instruit beaucoup plus tôt de cette affaire, s’il n’avoit été retenu par les pressantes sollicitations de M. Blifil. « Votre neveu, monsieur, ajouta-t-il, est un excellent jeune homme. On ne peut lui faire qu’un reproche ; c’est de pousser trop loin le pardon des injures. »

Blifil s’étoit en effet donné, dans le temps, quelque peine pour déterminer Thwackum à garder le silence ; et cela par plusieurs motifs. Il savoit que la maladie amollit et relâche d’ordinaire les caractères les plus fermes ; il pensoit d’ailleurs qu’il ne pouvoit dénaturer un fait récent, sans s’exposer à être démenti par le médecin, qui ne s’éloignoit guère de la maison, et à perdre ainsi le fruit de son imposture. Il résolut donc de tenir en réserve ce moyen de vengeance, jusqu’à ce que l’imprudence de Jones lui fournît de nouvelles armes. Persuadé que le poids d’un grand nombre de fautes réunies, ne manqueroit pas de l’écraser, il attendoit une occasion semblable à