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l’un pour l’autre. Ils m’en ont bu deux bouteilles. Non, non, je ne croirai jamais de mal de si honnêtes gens. »

Cette réponse ferma la bouche à Susanne. Sa maîtresse changeant de propos : « Vous dites donc, continua-t-elle, que l’étranger est arrivé en poste, et qu’il y a dehors un domestique avec des chevaux ? C’est sans doute un personnage de distinction. Pourquoi ne lui avez-vous pas demandé s’il vouloit souper ? Il est, je pense, dans la chambre de l’autre gentilhomme. Montez-y, et demandez-lui s’il n’a pas sonné ? Peut-être, voyant qu’il y a du monde sur pied dans la maison, commandera-t-il quelque chose : mais ayez soin d’éviter vos balourdises ordinaires. N’allez pas lui dire que le feu est éteint, que les poulets chantent encore. S’il veut du mouton, gardez-vous de répondre sottement que nous n’en avons pas à la maison. Le boucher en a tué un, au moment où j’allois me mettre au lit, et il ne refuse jamais de m’en couper un morceau tout chaud, quand je le lui demande. Allez, et souvenez-vous que nous avons du mouton, et des poulets à discrétion. Ouvrez la porte en disant : « Monsieur n’a-t-il pas sonné ? » S’il ne répond rien, demandez ce que sa seigneurie souhaite pour son souper. Sa seigneurie, entendez-vous bien ? Allez, si vous ne faites pas plus d’attention à ce que je