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instant, elles arrêtèrent leurs chevaux, et toutes deux parlant à la fois, prononcèrent avec une égale allégresse, l’une le nom de Sophie, l’autre celui d’Henriette.

Cette rencontre imprévue les surprit beaucoup plus qu’elle ne surprendra le lecteur ; il a sans doute deviné que l’étrangère n’étoit autre que mistress Fitz-Patrick, nièce de M. Western, dont nous avons raconté le brusque départ de l’hôtellerie d’Upton, peu de minutes après celui de Sophie.

Les deux cousines avoient demeuré long-temps ensemble chez mistress Western leur tante, et s’y étoient liées d’une étroite amitié. Elles furent si étonnées et si aises de se revoir, qu’on ne sauroit figurer la moitié des caresses qu’elles se firent, avant de songer à se demander où elles alloient. Mistress Fitz-Patrick s’en avisa la première. Cette question, toute simple et toute naturelle, ne laissa pas d’embarrasser Sophie. « Ma chère Henriette, lui dit-elle, suspendez, je vous prie, votre curiosité jusqu’à notre prochaine arrivée dans quelque auberge. J’ai peine, comme vous, à contenir la mienne ; car notre surprise, je pense, doit être à peu près la même. »

Leur entretien, pendant la route, mérite peu d’être rapporté. Celui des femmes de chambre en est moins digne encore. Elles ne demeurèrent