Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/99

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lecteurs. Ces sortes d’accidents n’ont jamais rien eu de comique à nos yeux ; et nous ne craignons pas d’affirmer que pour aimer à en rire, il faut avoir une idée bien imparfaite de la modestie d’une jeune et belle femme.

La frayeur et la confusion, jointes à une extrême fatigue de corps et d’esprit, avoient presque épuisé les forces de Sophie. Elle entra dans l’auberge, d’un pas chancelant, appuyée sur le bras de sa femme de chambre. Dès qu’elle fut assise, elle demanda un verre d’eau, qu’Honora changea très-judicieusement en un verre de vin.

Mistress Fitz-Patrick frappée de la pâleur de sa cousine, et apprenant d’Honora qu’elle avoit passé les deux dernières nuits sans se coucher, la pressa de prendre quelque repos. Elle ignoroit encore son histoire, et le sujet de ses craintes ; mais en eût-elle été instruite, elle ne lui auroit pas donné d’autre conseil, tant la pauvre jeune personne paroissoit accablée de lassitude. Une longue marche à travers champs lui ôtoit d’ailleurs à elle-même toute appréhension d’être rattrapée par son mari.

Sophie se rendit aux instances de son amie et à celles d’Honora. Mistress Fitz-Patrick lui offrit de partager son lit, proposition que Sophie accepta avec plaisir.

La maîtresse une fois couchée, la femme de