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Page:Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale - 1905.djvu/20

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Gaule. Au VIe et au VIIe siècle vinrent parmi nous des moines irlandais, entre autres saint Liévin ; ils firent connaître aux descendants des Gallo-Romains et des Barbares, dit le célèbre archéologue « des peintures et des manuscrits où dominait le réalisme » et qui « tournèrent ainsi vers le



La Vierge et l’Enfant
Statue en bois, XIIIe siècle, Église Saint-Jean, Liège

réalisme dans l’art des imaginations qui d’elles-mêmes y étaient déjà portées »[1].

Poursuivons. Nous voici donc au VIIe siècle. Il fut passionnément religieux et éleva dans notre pays les puissantes abbayes de Lobbes, de Saint-Pierre, de Saint-Bavon, de Saint-Ghislain, « maisons de prière, ateliers, écoles » dont les moines étaient des savants et des artistes : architectes, peintres, orfèvres. Rappelons les règnes des rois mérovingiens et carlovingiens, donateurs prodigues, bienfaiteurs des couvents et des églises ; rappelons aussi la Renaissance de Charlemagne, couronnement éphémère de ces prodigalités et de ces bienfaits… L’œuvre grandiose de l’empereur d’Occident et de ses leudes devait être emportée en peu d’années par le torrent Scandinave. Durant le IXe siècle les ruines s’accumulèrent. Les Hongrois succédèrent aux Normands. Ce fut une terrible hécatombe d’églises, d’abbayes, de statues, de châsses, de vases sacrés, de livres enluminés. On ne respira qu’au Xe siècle. Alors seulement on se remit à tailler la pierre, à sculpter l’ivoire, à historier des missels. Les traditions celtiques, gauloises, gallo-romaines, mérovingiennes, carlovingiennes étaient mortes. Les pillages des Normands et des Hongrois introduisaient dans l’histoire de l’art un siècle de stérilité et de mort. Et pourtant, que voit-on reparaître à l’horizon des temps nouveaux, comme une obsession, ou plutôt comme un gage de calme après l’orage ?

  1. Mgr Dehaisnes. Op. cit. p. 12.