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loyale pratique et de beau travail manuel…


Photo Hanfstaengl
Jean Van Eyck
Marie en prière
Volet du retable de l’agneau
(Musée de Berlin)

Nul jamais n’égala sa technique ; elle est affirmative et ardente ; elle est ingénuement et mystérieusement belle. Sous les tons immarcessibles transparaît une trame d’or dont nul n’explique la cause, — et ce sont peut-être les siècles qui l’ont ajoutée dans leur respect pour cette force.

Et tout de suite le prestige du maître rayonna. Il ne faut pas attendre le XVIme siècle pour qu’un Jean Lemaire de Belges en sa Couronne Margaritique enguirlande doctement l’artiste et salue Jean Van Eyck comme le « Roy des Peintres »,

Duquel les faits parfaits
[et mignonets
Ne tomberont jamais dans
[un oubli vain.

Pour recueillir le témoignage de cette unanime admiration, il ne faut pas même attendre la Chronique rimée du père de Raphaël qui, à la fin du XVme, place « il gran Joannis » à la tête des peintres flamands. Ecoutons seulement Barthélemy Facius, contemporain du peintre de Monseigneur de Bourgogne : « Johannis Gallicus nostri saeculi pictorum princeps judicatns est. » N’est-ce point formel ? Prince des peintres de son temps ! N’est-il point hors de doute