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que Jean fut le plus grand des deux frères Van Eyck ? Le signalement de


Photo Hanfstaengl
Hubert et Jean Van Eyck
Dieu le Père
Retable de l’Agneau
(Église de Saint-Bavon, Gand)

ses tableaux est entre tous précis et infaillible : ce sont d’indiscutables chefs-d’œuvre. Je ne crois pas qu’on en puisse dire autant des œuvres restituées à Hubert.

Si nous voulions déterminer son rôle dans l’art, l’histoire du XVme siècle entier, — flamand, français, allemand, espagnol, italien, — serait à parcourir. Nous devons renoncer (ici du moins) à relever l’ineffaçable empreinte de son génie chez ses successeurs directs : Petrus Christus, Jacques Daret, Roger Van der Weyden, — à caractériser sa décisive intervention dans la naissance de l’école de Haarlem, où Albert Van Ouwater et Thierry Bouts sont parmi ses plus étroits disciples, — à énumérer les conséquences de son voyage en Espagne, où Louis Dalmau se réclame de lui avec sa Vierge du musée de l’Archivo de Barcelone, à suivre enfin avec l’admiration et le temps voulus, la grande lumière que son art projette sur l’Italie. Ne conquiert-il pas le quattrocento en ses Mécènes les plus notoires, puisque Alphonse de Naples, Frédéric d’Urbin et jusqu’à Laurent de Médicis possédèrent de ses œuvres ; — en ses artistes-théoriciens, puisque Barthélemy Facius, Filarète, d’autres encore apportèrent l’hommage écrit de leur admiration à sa maîtrise unique ; — en la plupart de ses