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plement vêtus et si pieusement absorbés, sont l’incarnation même de la piété des Flandres.


Photo Hanfstaengl
Hubert et Jean Van Eyck
Les Chevaliers du Christ
Volet du Retable de l’Agneau
(Musée de Berlin)

Voyons la rangée supérieure où se déroule le Mystère de l’Annonciation.

L’Ange est descendu dans quelque maison patricienne de Gand ou de Bruges ; son manteau, sa robe sont traités en teintes uniformes avec le parti pris décoratif qui convenait à l’extérieur des volets. Des lèvres enfantines du messager céleste sortent les paroles de la Salutation : « Ave gracia plena, Dominas tecum[1]. » — « Salut pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! » — Une atmosphère chaude, heureuse, délicatement embrasée, pénètre par les baies du fond, et dans l’azur éteint du ciel crépusculaire, il semble que l’on entend vibrer le chant des oiseaux voltigeant autour du pignon lointain.

La scène se développe à droite du spectateur. Agenouillée à côté de son prie-Dieu, les mains croisées sur la poitrine, la colombe posée sur son front divin, Marie répond à l’envoyé du Seigneur : « Ecce ancilla domini. » — « Voici la Servante du Seigneur. » — Les lettres sont renversées. Par une autre convention que nous connaissons bien, le peintre a placé Marie et l’Ange dans des intérieurs très bas ; si la Vierge se levait, elle aurait de la peine à se tenir debout. Cette disposition admise, rien de plus vrai que

  1. Évangile selon saint Luc, chap. I, versets 28 et 38. Je donnerai les inscriptions, dégagées de leurs abréviations.