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pluies, et l’on est contraint d’arrêter les travaux. Avec les puits forés, on n’a pas à redouter de chômages de cette nature.

Les qualités particulières des eaux artésiennes les ont fait également adopter dans nos départements du Nord, pour le rouissage des lins de choix destinés à la fabrication des batistes, des dentelles, etc.


CHAPITRE XIV

les puits instantanés.

Nous terminerons cette Notice en signalant une invention qui a fait un certain bruit en 1868. Nous voulons parler des puits dits instantanés. Cette invention n’a, il est vrai, rien de commun avec les puits artésiens, car, pour le dire tout de suite, elle ne procure de l’eau qu’à la profondeur de 8 à 9 mètres, et le jet n’est pas jaillissant. C’est donc tout simplement une manière de percer un puits ordinaire rapidement, mais à une très-faible profondeur, et, comme nous allons le voir, seulement dans les terrains faciles à entamer et exempts de roches.

On voit que, vue de près, l’invention des puits instantanés se réduit à peu de chose. Cependant, comme elle a occupé l’attention publique en 1868, comme elle peut rendre, dans quelques cas particuliers, certains services, nous en dirons quelques mots.

Cette invention repose sur le principe du baromètre à eau, comme on l’appelle en physique. C’est ce que l’on va comprendre.

Un puits, en général, est un trou plus ou moins profond, alimenté par une nappe d’eau souterraine ou par des courants qui s’infiltrent dans le sol. Toute la surface de la couche aquifère, aussi profonde qu’on la suppose, est soumise à l’action de la pression atmosphérique, et l’on ne peut en douter, car si l’eau a pu s’introduire dans le sol par infiltration, à plus forte raison l’air doit-il y pénétrer. Si donc on enfonce en terre, jusqu’à la rencontre de cette couche ou de l’un de ses nombreux canaux, un tuyau d’un faible diamètre, et que, par le jeu d’une pompe aspirante, on purge complétement d’air l’intérieur de ce tube, il est évident que la pression atmosphérique s’exerçant sur le réservoir d’eau souterraine, soulèvera dans le tube vide d’air, une colonne d’eau, capable de lui faire équilibre, c’est-à-dire de 10 mètres environ. Si la nappe est jaillissante, la pompe deviendra inutile, et l’ascension du liquide se fera par le seul effet du principe de l’équilibre des fluides dans deux vases communiquants, et il ne sera pas nécessaire de faire agir la pompe pour amener l’eau au dehors.

On voit déjà que cette méthode n’est pas susceptible de s’appliquer à des couches d’eau dépassant la profondeur de 9 à 10 mètres, puisque l’eau ne peut être élevée, par l’action des pompes, au delà de 10 mètres. Nous verrons tout à l’heure que la même méthode n’est d’un emploi certain que dans les terrains exempts de roches dures et de toute matière difficile à perforer.

L’appareil pour le percement du sol, est simple, peu embarrassant, peu coûteux, et c’est ce qui fait le principal mérite de ce procédé. Il se compose, en premier lieu, d’une série de tuyaux de fer de 3 mètres de long à peu près, sur 4 à 5 centimètres de diamètre intérieur, et de 8 à 10 millimètres d’épaisseur. Ces tuyaux sont taraudés aux deux bouts, extérieurement et intérieurement, de manière à pouvoir se visser les uns aux autres, et à constituer un tube métallique continu. Celui qui est destiné à pénétrer le premier dans le sol, se termine par une pointe d’acier, solidement trempée et à arêtes vives. Près de la pointe d’acier et sur une largeur de 60 à 80 centimètres, sont percés une infinité de petits trous, qui servent à laisser entrer l’eau dans le tube.

Ce tube est placé au-dessous d’un gros cylindre en fer, du poids de 50 kilogrammes,