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pable d’élever un poids de 75 kilogrammes à 1 mètre de hauteur, dans une seconde de temps. Une machine à vapeur de dix chevaux, par exemple, est donc celle qui, dans une seconde, peut élever 750 kilogrammes à 1 mètre de hauteur, ou 75 kilogrammes à 10 mètres de hauteur.

Il faut remarquer cependant que cette quantité de travail est bien supérieure à celle que peut produire un cheval. Aussi ce mode d’évaluation est-il plutôt une convention qu’une comparaison fondée sur une appréciation exacte des forces naturelles.

Voici l’étymologie, ou, si l’on veut, l’origine, de cette dénomination bizarre de cheval-vapeur, employée pour représenter l’unité dynamométrique des machines à vapeur. Une anecdote rapportée par Tom Richard, dans son Aide-mémoire des ingénieurs, l’explique comme il suit :

« Ce fut, dit M. Tom Richard, dans la brasserie de Whitebread, à Londres, que Watt fit la première application de sa machine à vapeur. Cette machine devait remplacer un manége destiné à monter de l’eau, et le brasseur, voulant obtenir de la vapeur le même effet que de ses chevaux, proposa à Watt de faire travailler un cheval pendant une journée de huit heures, et de baser le travail du cheval-vapeur sur le produit du poids de l’eau qui aurait été élevé à la fin de la journée par la différence du niveau des réservoirs inférieur et supérieur. Watt accepta le marché. Le brasseur prit alors son meilleur cheval (et les chevaux de brasseur, à Londres, sont des animaux d’une force prodigieuse), et le fit travailler huit heures, n’épargnant pas les coups de fouet, et s’embarrassant peu que son cheval pût soutenir plusieurs jours de suite un tel travail. Le produit mesuré se trouva être de 2 120 000 kilogrammes élevés à 1 mètre en huit heures, soit 73kil,6 élevés à 1 mètre par seconde. »

Ce travail se rapproche de celui du cheval-vapeur adopté en France ; mais il est de beaucoup supérieur à celui qu’on obtiendrait d’une manière suivie d’un cheval ordinaire. En effet, des expériences authentiques, faites dans les mines d’Anzin, sur le travail de 250 chevaux employés pendant un an, à faire mouvoir une machine très-simple, ont donné, pour le travail effectif d’un cheval ordinaire, pendant huit heures, ou sa journée entière, 800 000 kilogrammes élevés à 1 mètre de hauteur, ce qui représente 27kil,77 élevés à 1 mètre de hauteur par seconde.

D’après ce résultat, un cheval-vapeur serait l’équivalent du travail de près de trois chevaux pour le même temps. Afin d’éviter toute confusion, il est bon, d’après cela, d’employer toujours le terme de cheval-vapeur pour désigner l’unité dynamométrique des machines à vapeur.



CHAPITRE XII

classification des machines à vapeur. — machine à condenseur et machine sans condenseur. — machines à simple effet et machines à double effet. — machines fixes, machines de navigation, locomotives et locomobiles. — types, ou principaux systèmes : machine de watt. — machine de wolf. — machines à cylindre vertical. — machines à cylindre horizontal. — machines oscillantes. — machines rotatives. — principes nouveaux sur l’emploi de la vapeur comme force motrice.

Nous passons à la classification des machines à vapeur, et à la description des différents systèmes ou types, qui sont aujourd’hui en usage pour tirer le meilleur parti de la force élastique de la vapeur.

classification des machines à vapeur.

Rien n’est plus difficile que de donner une classification rigoureuse des machines à vapeur, en raison de la quantité innombrable de types différents qui sont en usage. Cette classification n’est possible qu’en considérant à part les différentes conditions de leur construction et de leur emploi.

Quand on considère la tension de la vapeur, ou le nombre d’atmosphères de pression que cette vapeur exerce, on distingue les machines à vapeur en machines à basse pression et machines à haute pression. Cependant il est plus conforme aux faits, de les désigner, dans ce cas, sous le nom de machines à condenseur,