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sans doute de tirer un parti sérieux de cet appareil.

Nous terminerons ce chapitre en jetant un coup d’œil rapide sur les principes qui, de nos jours, règlent, ou tendent de plus en plus à régler, la construction et l’installation des machines à vapeur.

Le principe le plus important, celui qui domine aujourd’hui dans la construction de ces appareils, c’est d’approprier chaque genre de machine à l’usage particulier qu’elle doit remplir. Nos constructeurs ne s’attachent plus à fabriquer, comme autrefois, la machine à vapeur d’après un type uniforme et commun ; mais, au contraire, à varier ses dispositions et son mécanisme suivant le travail spécial auquel on la destine. Il y a peu de temps encore, on demandait à la même machine les applications les plus différentes, et quelquefois les plus hétérogènes. Quel que fût l’usage auquel elle était destinée, on la construisait toujours sur le même type. Il en est autrement aujourd’hui. Chaque branche d’industrie, et même chaque subdivision de l’une de ces branches, imprime à la machine à vapeur une disposition applicable au travail spécial qu’il s’agit d’effectuer. La vapeur n’est plus aujourd’hui qu’un instrument, qu’un outil, pour ainsi dire, auquel on s’applique à donner les formes les plus convenables à l’objet particulier qu’il doit remplir.

Un second principe auquel on tend de plus en plus à obéir aujourd’hui dans la construction des machines à vapeur, c’est de se passer, autant qu’on le peut, de ces organes intermédiaires, destinés à transmettre le mouvement, et que l’on employait autrefois sous tant de formes différentes. Les moyens de renvoi sont supprimés toutes les fois que cette suppression peut se faire sans nuire au jeu de la machine. Dans ce cas, c’est la tige même du piston sortant du cylindre à vapeur, qui est employée comme agent direct du mouvement.

Quelques exemples vont montrer l’application de ce principe. Dans la construction des machines destinées à l’élévation des eaux, on se contente souvent aujourd’hui de placer au-dessus de l’ouverture du puits, un cylindre à vapeur, le couvercle en bas ; et c’est la tige même du piston qui imprime, sans aucun intermédiaire, le mouvement aux pompes qui opèrent l’élévation des eaux. Dans les grandes usines destinées à l’extraction et au travail des métaux, telles que fonderies, ateliers de laminage, etc., c’est la tringle même du piston du cylindre à vapeur, qui met en mouvement des marteaux pesant 5 à 6 000 kilog. On fait agir de la même manière, une tige à vapeur pour faire office de pilon et opérer la pulvérisation de diverses substances. Les machines soufflantes utilisent, suivant le même procédé, le mouvement direct de la vapeur sans aucun organe de transmission. C’est enfin par le même procédé que l’on peut, à l’aide de la tringle même du piston d’un cylindre à vapeur, percer, couper, emboutir le fer, le cuivre ou la tôle. En un mot, toutes les fois qu’il est possible de supprimer les moyens intermédiaires pour la communication du mouvement, on réalise cette importante et utile simplification de mécanisme, auquel la vapeur, mieux que tout autre agent moteur, se prête avec facilité.

Cette espèce de révolution qui s’est opérée depuis quelques années dans la distribution de la force motrice, cette intelligente modification apportée à l’emploi de la vapeur, frappent les yeux quand on entre dans un atelier de constructions mécaniques, dans une usine à fer, etc. Dans ces usines, on voyait autrefois la force motrice concentrée sur un seul point et produite par une seule machine à vapeur. Elle rayonnait ensuite de là, en diverses directions, au moyen de poulies, de courroies, de renvois de mouvement, etc. Cette disposition entraînait la perte de beaucoup de force, par les frottements multipliés, et obligeait souvent à faire mouvoir une machine très-considé-