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Compatriotes, voisins de campagne, tous deux capitaines de la légion de Lorraine et anciens camarades à l’école d’artillerie, d’Auxiron et Follenai avaient conçu ensemble le projet de faire remonter aux bateaux le cours des rivières, au moyen de la pompe à feu. Cette idée revenait sans cesse dans leurs entretiens.

Fig. 83. — Le maréchal-de-camp Follenai.

En 1770, décidé à mettre ce projet à exécution, d’Auxiron prend le parti d’abandonner son emploi dans l’armée. Il quitte le service, pour se consacrer tout entier à cette entreprise. Il rédige les plans et devis pour la construction d’un bateau porteur d’une pompe à feu ; puis, muni de toutes ces pièces, il se rend à Paris, pour les soumettre au ministre du roi.

Ses plans trouvèrent faveur auprès du gouvernement. Le ministre Bertin lui fit la promesse formelle du privilége, en d’autres termes, du brevet exclusif d’exploitation de la force de la vapeur appliquée à la navigation sur les rivières.

Voici la lettre datée de Versailles, le 14 mai 1772, qui contenait cet engagement.


« Monsieur,

« J’ai rapporté au conseil, la demande que vous avez faite au roi d’un privilége exclusif pour appliquer la force de la pompe à feu à faire remonter les bateaux sur les rivières les plus rapides, et Sa Majesté m’a autorisé à vous donner de sa part l’assurance que ce privilége vous sera accordé pour quinze années, si, lorsque vous aurez mis en pratique cette méthode, elle est trouvée par l’Académie des sciences véritablement utile à la navigation. Je vous invite à vous mettre promptement en devoir de profiter de cette grâce. Je suis bien aise de vous apprendre en même temps, qu’ayant cru devoir, en cette occasion, rendre compte au roi des ouvrages que vous avez donnés au public, M. le marquis de Monteynard, de son côté, à très-avantageusement parlé de vos services ; vous lui devez un remerciement.

« Je suis très-parfaitement, monsieur, votre, etc.

« Contrôlé à Paris, le 22 mai 1772[1]. »


Armé de cette promesse, le comte d’Auxiron s’empresse de réunir et d’organiser une compagnie qui lui fournirait les fonds nécessaires à la construction de la machine et du bateau.

Follenai, son associé, son compagnon fidèle, était devenu lieutenant-colonel dans la légion de Flandre. Il détermine son colonel, le vicomte d’Harambure, son ami d’enfance, le comte de Jouffroy-d’Uzelles, chanoine de l’église métropolitaine de Lyon, et un ancien employé supérieur des douanes, Bernard de Bellaire, à se réunir à lui, pour fournir à d’Auxiron les sommes nécessaires à l’exécution de ses plans.

Grâce aux efforts de Follenai, la petite société financière prit une forme définitive. L’acte d’association fut conclu le 21 mai 1772. Il n’est pas sans intérêt, au point de vue historique, de consigner ici le contenu de cet acte, resté aux minutes de Me Boulet, notaire au Châtelet de Paris.

« Par devant les conseillers du roi, notaires au Châtelet de Paris, soussignés, sont présents : M. Joseph d’Auxiron, écuyer et capitaine à la suite de la légion de Lorraine d’une part ; M. Louis-Joseph de

  1. Notice sur les premiers essais de navigation à vapeur (1772-1774), par Ch. Paguelle, arrière-petit-fils maternel du général de Follenai. — Extrait des Annales franc-comtoises, livraison d’octobre 1865, in-8o, p. 4-5.