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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/207

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Fig. 99. Le Clermont, premier bateau à vapeur de Fulton, naviguant sur l’Hudson, de New-York à Albany (page 200).


saisis de la plus vive terreur. Les uns, laissant aller leur vaisseau à la dérive, se précipitaient à fond de cale, pour échapper à cette effrayante apparition ; tandis que d’autres se prosternaient sur le pont, implorant la Providence contre l’horrible monstre qui s’avançait en dévorant l’espace et vomissant le feu.

Nous avons dit qu’aucun passager n’avait osé accompagner Fulton dans son voyage de New-York à Albany. Il s’en présenta un pour le retour. C’était un Français, nommé Andrieux, qui alors habitait New-York. Il osa tenter l’aventure, et eut le courage de revenir chez lui sur le Clermont.

On raconte qu’étant entré dans le bateau, pour y régler le prix de son passage, Andrieux n’y trouva qu’un homme occupé à écrire dans la cabine. C’était Fulton.

« N’allez-vous pas, lui dit-il, redescendre à New-York avec votre bateau ?

— Oui, répondit Fulton ; je vais essayer d’y parvenir.

— Pouvez-vous me donner passage à votre bord ?

— Assurément, si vous êtes décidé à courir les mêmes chances que moi. »

Andrieux demanda alors le prix du passage, et six dollars furent comptés pour ce prix.

Fulton demeurait immobile et silencieux, contemplant, comme absorbé dans ses pensées, l’argent déposé dans sa main. Le passager craignit d’avoir commis quelque méprise :

« Mais n’est-ce pas là ce que vous m’avez demandé ? »

À ces mots, Fulton, sortant de sa rêverie, porta ses regards sur l’étranger, et laissa voir une grosse larme roulant dans ses yeux :