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Fig. 109. — Roue à aubes d’un bateau à vapeur.


de M. Cavé ; mais nécessitant un mécanisme très-compliqué, il est sujet à beaucoup de dérangements. Les frottements qui résultent du grand nombre d’engrenages qu’il exige, absorbent une force presque aussi considérable que celle dont on cherche à éviter la perte.

Nous donnons (fig. 109) un modèle exact de la manière dont les roues à aubes sont installées sur nos grands navires. Sur l’arbre A de la machine porteur de la roue, est fixé le disque B, au moyen des clavettes C, C. Sur les rayons de la roue, D, D, sont appliquées les aubes (a). Ces aubes sont fixées sur les rayons des roues par un taquet et un boulon. Le tout est maintenu par le cercle FF′.

Les roues à aubes constituent un moyen à peu près irréprochable pour appliquer la puissance de la vapeur à la navigation sur les fleuves ou les rivières ; mais elles présentent des inconvénients très-graves dans la navigation sur mer. Le roulis du navire a souvent pour effet d’élever une des roues hors de l’eau en immergeant la roue opposée. Dès lors, la roue la plus élevée tourne à vide ; ce qui produit des variations très-nuisibles à la machine. Comme la résistance ne s’exerce plus que sur l’une des roues, on est obligé d’affaiblir l’intensité de la force motrice, en diminuant l’entrée de la vapeur dans les cylindres. La force de la machine se trouve ainsi atténuée au moment où, au contraire, son maximum d’effet serait souvent nécessaire. En outre, le tambour qui environne les roues, offre une large surface à l’action du vent ; ce qui diminue la vitesse du navire. Sur les navires de guerre, les roues sont librement exposées à l’atteinte des boulets, et cette circonstance suffit pour leur ôter presque toute valeur au point de vue militaire. Enfin, les roues sont un obstacle à ce que l’on puisse se servir à la fois de la vapeur et des voiles ; car l’emploi de la vapeur exige que le bâtiment se maintienne toujours à peu près dans une ligne verticale : or les voiles ont pour résultat de le faire incliner sur son axe, ce qui met un obstacle à l’action régulière de la machine.

La pratique mit promptement en évidence les inconvénients qui résultent de l’emploi des roues à aubes dans la navigation maritime. Aussi depuis l’adoption générale de la