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de l’atteinte des boulets et des divers projectiles, de la chute des mâts et des diverses causes d’accidents de ce genre, de nature à l’endommager.

2o La suppression des roues, diminuant la largeur du bâtiment, lui donne plus de facilité pour entrer dans un port, dans un bassin, etc., ou pour y manœuvrer.

3o Le navire offre moins de prise au vent, par suite de l’absence des tambours qui environnent les roues.

4o La vis, toujours immergée, quel que soit le degré d’inclinaison que prenne le navire par l’action du vent ou le mouvement du roulis, communique à l’action motrice une remarquable égalité, précieuse dans bien des cas.

5o Sur un bâtiment de guerre, l’espace occupé par les roues devenant libre, on peut établir des batteries dans toute sa longueur.

6o Les navires à hélice, présentant la même forme que les navires à voiles, peuvent être plus rapidement convertis en bâtiments à voiles. Or, si l’on peut suspendre par intervalles l’action de la vapeur, et ne l’employer que par les temps de calme ou par les vents contraires, on réalise sur le combustible une économie considérable.

7o Enfin, comme l’hélice est mise en action par des machines à vapeur qui n’occupent qu’un faible espace, les bâtiments de commerce qui en sont pourvus, peuvent disposer, pour les marchandises, d’un emplacement plus considérable.

Ces avantages sont en partie contre-balancés par quelques inconvénients, qu’il nous reste à énumérer.

Le premier, et le plus grave, consiste dans l’infériorité de vitesse que présentent les navires à hélice sur les bâtiments à roues, dans les conditions de la navigation ordinaire.

Cette infériorité relative dans la vitesse, provient de ce que le mouvement de la vis au sein de l’eau, amène nécessairement une perte de force mécanique, perte plus grande que celle qui résulte de l’emploi des roues. L’hélice exerce sur l’eau un double mouvement : elle la pousse d’arrière en avant, et sur les côtés. Ce dernier effet est perdu pour la progression ; la force nécessaire pour le produire est donc dépensée en pure perte.

Aussi a-t-on reconnu que, dans un temps calme, la vitesse d’un navire à hélice est inférieure de douze centièmes environ, à celle d’un bateau à roues.

Il faut remarquer seulement que, dans les navires à hélice, la perte de force qui provient de l’agent moteur, est un élément constant, qui ne s’accroît dans aucune circonstance. Au contraire, celle qui résulte, dans les bâtiments à roues, de l’élévation de l’appareil moteur hors du liquide, par suite du mouvement de la mer, augmente souvent dans des proportions dont il est impossible de tenir compte. De telle sorte que, tout considéré, la vitesse devient presque la même avec l’un ou l’autre de ces propulseurs.

Il faut ajouter, comme inconvénients liés à l’emploi de l’hélice, le bruit continuel et désagréable causé par les engrenages, la crainte de voir l’appareil moteur brisé par la rencontre des rochers et des écueils, l’usure rapide des supports dans lesquels l’hélice tourne avec une rapidité extraordinaire, enfin la difficulté qu’on éprouve souvent à la retirer lorsqu’elle exige quelque réparation, et surtout à la remettre en place, en la fixant exactement dans la direction de l’axe du navire qu’elle doit toujours occuper pour fournir le maximum de son action motrice.

La conclusion des faits qui viennent d’être énumérés, est facile à déduire. L’hélice, manifestant surtout son utilité dans le cours d’une navigation accidentée et difficile convient parfaitement au service de la mer. Sur les rivières et sur les fleuves, elle présente beaucoup moins d’avantages. Il est de toute évidence qu’un navire de guerre ne peut employer que l’hélice comme moyen propulseur. Quant aux