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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/257

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pour les nouveaux vaisseaux de guerre cuirassés, qui, bravant leurs canons, pourraient en quelques heures les réduire en un monceau de ruines.

« Mais s’il n’est plus désormais possible d’arrêter les opérations d’une flotte cuirassée par l’artillerie de terre, on pourra profiter, pour défendre les ports, de ces mêmes moyens ; on pourra opposer à l’attaque les engins offensifs qu’elle possède elle-même, soit en construisant des batteries flottantes cuirassées, soit en recouvrant de fer les batteries fixes des côtes.

« Il n’est pas douteux que des forts revêtus de fer et munis d’une puissante artillerie ne soient invulnérables ; mais, d’un autre côté, leur construction exigerait des dépenses telles, que les Anglais mêmes hésitent à user en grand de ce moyen de défense. Le nombre de ces constructions fixes sera, dans tous les cas, toujours limité à l’étendue de la côte, tandis qu’une flotte cuirassée multiplie les points d’attaque en se déplaçant à son gré, et peut ainsi rendre les défenses de terre inutiles.

« Si les batteries fixes ne sont pas d’une efficacité parfaite pour la protection des côtes, soit parce qu’elles ne résisteraient pas elles-mêmes au feu des navires cuirassés, soit parce que leur tir combiné n’embrasserait pas complétement l’espace qui les séparerait les unes des autres, elles peuvent être d’une très-grande utilité en couvrant de leurs feux les batteries flottantes cuirassées, en leur servant de point de ralliement et leur permettant d’agir contre l’ennemi à un moment donné. Les mêmes principes qui permettent à une force inférieure sur terre de résister à l’attaque d’un ennemi supérieur, permettront également à une force maritime inférieure, si elle est convenablement soutenue, de résister à l’attaque d’une force plus nombreuse.

« Opposer des batteries flottantes cuirassées aux navires cuirassés qui voudraient attaquer une côte, tel est donc le meilleur système que l’on puisse adopter. Les combats, au lieu de se livrer entre les constructions des côtes et les navires, deviendraient ainsi tout à fait navals, et nous étudierons plus loin ce que peut être maintenant une lutte semblable.

Fig. 119. — Avant d’un vaisseau cuirassé armé de son éperon.

« Les Anglais, que l’absurde panique d’une invasion française a longtemps tenus en éveil, l’ont si bien compris que, tout en construisant leurs premiers navires blindés, ils ont consacré une somme de 5 680 000 livres sterling (142 millions de francs) à la défense de leurs principales places maritimes. Ils y ont établi un système combiné de forts revêtus de fer et de batteries flottantes, auxquels ils se proposent d’ajouter des obstacles sous-marins ou flottants.

« Croiseurs et corsaires. — Un navire de bois ne saurait résister longtemps à un bâtiment cuirassé. S’il n’est pas immédiatement incendié par les fusées ennemies, si les obus et les boulets ne l’ont pas en quelques minutes mis en pièces et coulé, il sera inévitablement ouvert par le choc de l’énorme éperon de fer, ou de l’arête tranchante, qui est le complément ordinaire de la cuirasse, dans les nou-