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grande vitesse qui ait existé en Europe, et qui venait à peine d’être terminé. Il comprit tout de suite, l’importance et l’avenir des railways, et résolut de se dévouer à leur propagation dans sa patrie.

De retour à Paris, en 1829, M. Perdonnet publia, avec un ingénieur des mines, M. Léon Coste, un Mémoire sur les chemins à ornières[1], qui est, à notre connaissance, le premier ouvrage de quelque importance qui ait paru en France, sur les chemins de fer. Ce livre, qui faisait connaître les résultats obtenus en Angleterre, produisit une certaine sensation dans le monde des ingénieurs.

En 1830, l’École centrale des arts et manufactures venait d’être fondée, grâce à l’initiative et à l’association de quelques hommes instruits et pénétrés des besoins intellectuels de leur temps. M. Perdonnet, qui était au nombre des professeurs de la nouvelle école, ouvrit, en 1831, le premier cours qui ait été fait en France, sur les chemins de fer, cours qu’il a continué pendant trente-deux ans, c’est-à-dire jusqu’à l’année 1863.

M. Perdonnet dans son cours à l’École centrale, comme dans diverses publications qui datent de cette époque, plaidait chaudement la cause des voies ferrées, alors fort peu en faveur en France, même auprès de nos hommes d’État. C’est à cette occasion, comme nous l’avons dit plus haut, que son zèle excessif à défendre la cause des chemins de fer et à prédire l’avenir qui leur était réservé, le fit taxer de folie.

Le premier chemin de fer que l’on ait exécuté en France, après celui de Saint-Étienne à Lyon, et dans lequel furent mis en usage pour la première fois, le système de tracé et le matériel employés en Angleterre, entre Manchester et Liverpool, fut celui d’Alais à Beaucaire, ou plutôt d’Alais à Beaucaire et aux mines de houille de la Grand’Combe. Ce chemin de fer était plutôt destiné au transport du charbon qu’au service des voyageurs.

M. Talabot, qui alors débutait dans une carrière qu’il devait parcourir avec tant d’éclat, fut chargé de cette difficile entreprise. Il eut à triompher de mille obstacles, tant par la nature accidentée du terrain, que par l’imprévu d’une œuvre dans laquelle il fallait tout créer.

La ligne d’Alais à Beaucaire avait été concédée par une loi datée du 29 juin 1833.

Le chemin de fer de Paris à Saint-Germain, vint bientôt donner un admirable modèle de ces nouvelles voies de communication, tout à la fois aux ingénieurs chargés du tracé et de l’exécution de la voie, aux mécaniciens chargés d’établir le matériel roulant, et aux constructeurs de locomotives.

L’initiative de l’entreprise du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, qui devint le signal d’une foule de projets analogues, appartient à M. Émile Péreire.

Issu d’une famille d’israélites du Portugal, que des persécutions religieuses avaient forcée de se réfugier en France, M. Émile Péreire est né à Bordeaux, le 3 décembre 1800. Le nom de son grand-père, Jacob Rodriguez Pereira, est resté attaché à la découverte d’une méthode d’instruction des sourds-muets, qui a précédé celle de l’abbé de L’Épée. Les résultats que Rodriguez Pereira avait obtenus en imaginant un langage par signes pour les sourds-muets, et une méthode destinée à donner à ces malheureux le moyen de comprendre la parole humaine, furent constatés dans un rapport présenté à l’Académie des sciences par Buffon et de Mairan, et qui attira l’attention et les éloges de Voltaire.

Le nom de Péreira a été francisé, de nos jours, par le changement d’une voyelle.

En 1822, M. Émile Péreire vint à Paris, comme tant d’autres, pour y tenter la fortune. Il s’établit courtier de change, ce qui le mit en relation avec les notabilités de la banque

  1. 1 vol. in-8. Paris, 1830, chez Bachelier.