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et du commerce, et particulièrement avec le célèbre financier, James de Rothschild. Son imagination active le portait à s’occuper de toutes les grandes questions de commerce et d’industrie. Il consignait ses idées dans les journaux politiques du temps, et surtout dans le Globe.

Fig. 139. — Émile Péreire

L’école Saint-Simonienne ayant surgi après la révolution de 1830, M. Émile Péreire fut séduit par la hardiesse et la largeur des vues des nouveaux réformateurs. Devenu par son mariage, l’allié de M. Olindes Rodrigues, l’un des adeptes principaux de cette école, il fut initié par lui, aux doctrines de Saint-Simon, qui répondaient aux aspirations de beaucoup d’âmes agitées.

L’école politique et économique du Globe avait beaucoup préconisé les chemins de fer, comme moyen d’association et de pacification des peuples. C’est là ce qui préoccupait le directeur du Globe, jeune ingénieur des mines, sorti de l’École polytechnique, et qui, s’étant jeté avec ardeur parmi les Saint-Simoniens, mêlait aux brûlantes aspirations morales de leur école, les notions positives fournies par la science et l’industrie.

On voit que nous parlons de M. Michel Chevalier, aujourd’hui membre de l’Institut, professeur d’économie politique au Collége de France, sénateur et haut dignitaire de l’empire.

M. Michel Chevalier dans trois articles du Globe[1] qui ont été réunis plus tard en brochure, sous ce titre à trois têtes : Religion Saint-Simonienne, — Politique industrielle, — Système de la Méditerranée[2], s’élevait avec la noble conviction du philanthrope et du philosophe, contre le fléau de la guerre européenne, qu’il regardait, avec raison, comme une guerre civile. Il n’avait pas de peine à prouver l’impossibilité de fonder par la guerre, l’équilibre européen, et cherchait à établir ensuite, que « la paix définitive doit être fondée par l’association de l’Orient et de l’Occident ». L’invention, alors récente, des chemins de fer, donnait le moyen, disait l’auteur, de réaliser, par un procédé pratique, cette union générale des peuples de l’Orient et de l’Occident.

« La politique pacifique de l’avenir aura pour objet, disait M. Michel Chevalier, de constituer à l’état d’association, autour de la Méditerranée, les deux massifs de peuples qui, depuis trois mille ans, s’entre-choquent comme représentants de l’Orient et de l’Occident : c’est là le premier pas à faire vers l’association universelle. La Méditerranée, en y comprenant la mer Noire et même la Caspienne, qui n’en a probablement été séparée que dans une des dernières révolutions du globe, deviendra ainsi le centre d’un système politique qui ralliera tous les peuples de l’ancien continent, et leur permettra d’harmoniser leurs rapports entre eux et avec le nouveau monde[3]. »

  1. 31 janvier, — 3 février, — 12 février 1832.
  2. Paris, in-8o, brochure de 56 pages, au bureau du Globe, 6, rue Monsigny, et chez Capelle, libraire, rue Soufflot à Paris.
  3. Système de la Méditerranée, page 35.