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quer à la locomotion sur les routes, ce même appareil, allégé et modifié. C’est ce qui a été fait, par la construction de nouvelles voitures à vapeur.

Nous disons de nouvelles voitures à vapeur, car l’idée d’appliquer la vapeur à la locomotion sur les routes ordinaires, est déjà bien ancienne.

L’emploi d’une machine vapeur pour tirer les voitures sur les routes ordinaires, fut essayé, dès les premiers temps de la découverte du puissant moteur dont l’histoire vient de nous occuper. Au commencement de ce siècle, Olivier Évans, en Amérique, d’une part ; Trevithick et Vivian, en Angleterre, d’autre part, construisaient des machines à vapeur à haute pression, qu’ils adaptaient à des voitures destinées à rouler sur les grands chemins. Ainsi se trouvèrent créées les voitures à vapeur.

Jusqu’en 1830, on s’efforça de perfectionner ces scabreux et difficiles engins. On y était parvenu dans une certaine mesure, puisque des services publics furent établis pour le transport des voyageurs par des voitures à vapeur, tant en Angleterre qu’en Belgique.

Dès l’année 1826, on voyait circuler de Londres à Paddington, un landau, mû par la vapeur.

Cette machine fut perfectionnée en 1834, et présenta une forme plus appropriée encore au service des voyageurs. C’était une assez grande voiture à quatre roues. On y entrait par une portière située sur le devant. Le conducteur dirigeait l’avant-train au moyen d’une manivelle. Le mécanisme et la chaudière à vapeur étaient cachés sous la caisse de la voiture.

M. Stéphane Flachat, dans son ouvrage sur l’Exposition de 1834, qui a pour titre l’Industrie[1], a donné une gravure représentant cette locomobile précoce.

En 1832, un véritable service de voitures à vapeur fut établi aux portes de Bruxelles.

En 1834, Paris s’occupa beaucoup d’une diligence à vapeur, qui parcourut à plusieurs reprises la route de Paris à Versailles. L’inventeur, appelé Dietz, s’inspirait des lumières d’un physicien habile, M. Galy Cazalat.

La voiture partait du milieu de la place du Carrousel, de ce fameux Hôtel de Nantes, qui se dressait isolé, au milieu de cette vaste place, en face du palais des Tuileries.

La voiture de Dietz était lourde et bruyante. La fumée qu’elle jetait, incommodait les passants et effrayait les chevaux. Les fortes rampes de la route de Versailles, l’essoufflaient. Bref, après bien des péripéties, l’inventeur fut ruiné. À bout de ressources, il disparut, et l’on n’entendit plus parler de lui.

Bien d’autres essais ont été faits depuis Dietz, pour créer des voitures à vapeur. Nous citerons seulement le plan d’une voiture de ce genre, qui fut conçu par M. le baron Séguier, et exécuté par lui, de concert avec le mécanicien Pecqueur.

La voiture à vapeur de M. le baron Séguier reproduisait une disposition rationnelle : celle que Cugnot avait mise en usage[2]. M. Séguier plaçait le moteur, non pas à l’arrière, comme on le fait trop souvent, mais au devant, comme sont placés les chevaux, dans nos voitures ordinaires. Par un luxe de dispositions mécaniques, il y avait deux appareils moteurs pour chacune des deux roues directrices.

Le moteur se composait donc de quatre cylindres, groupés deux à deux, et agissant sur les roues de devant. Le conducteur avait à sa disposition, des pédales, mues par les pieds ou la main, pour changer la direction du mouvement. La chaudière pesait surtout sur l’avant-train. Les tuyaux pour l’entrée et la sortie de la vapeur, passaient à travers la cheville ouvrière de la voiture.

  1. Grand in-8. Paris, 1834, page 131.
  2. Voir la Notice sur les Chemins de fer, page 265.