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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/476

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formé en partie par l’eau de la Tamise, en partie par un fil de fer. Cette expérience fut faite en deux points. Dans l’un, la longueur du fil de fer disposé sur la terre, était de 800 pieds, et l’on avait pris dans la Tamise une étendue de 2 milles anglais. Dans l’autre point, la distance par terre était de 2 milles anglais et 800 pieds, et par eau, de 8 milles. L’électricité se transmit tout aussi bien que dans l’expérience faite près du pont de Londres.

Ensuite, au lieu d’enfoncer les baguettes de fer tenues par l’observateur, dans l’eau de la rivière, pour établir la communication, on les appliqua simplement en terre, à une distance de 20 pieds de l’eau. L’expérience eut le même succès ; et l’on reconnut ainsi que la terre humide, au moins jusqu’à une certaine distance, peut transmettre, aussi bien que l’eau, le fluide électrique.

Le 28 juillet, cette expérience fut répétée avec le même résultat, bien que les observateurs qui devaient enfoncer la baguette dans la terre se trouvassent chacun à 150 pieds de l’eau.

On essaya alors de reconnaître si le terrain sec laisserait passer aussi facilement le fluide électrique que la terre humide. L’expérience eut lieu, le 5 août 1747, à Highbury-Barn, au delà d’Islington. Bien que l’un des observateurs fût placé dans une sablonnière sèche, à cent pas de distance de la rivière, la commotion électrique fut ressentie comme auparavant.

On voulut reconnaître enfin, si le choc électrique pourrait se faire sentir dans un terrain sec, à une distance double de celle à laquelle on venait de le transmettre, et comparer en même temps, s’il était possible, les vitesses respectives de l’électricité et du son.

Le 14 août 1747, on s’établit, pour procéder à cette expérience, sur la montagne de Shooter. Le fil de fer communiquant avec la baguette tenue par l’observateur, était d’une longueur de près de 7 milles. Il était soutenu dans tout son trajet sur des bâtons bien secs qui faisaient l’office de corps isolants. Le conducteur qui communiquait avec la bouteille de Leyde, avait près de 4 milles de longueur et se trouvait également soutenu sur des bâtons préalablement séchés au four, afin de mieux assurer leur isolement : une distance de 2 milles séparait les deux observateurs. On tira un coup de fusil au moment de l’explosion de la bouteille, et les observateurs tenaient leurs montres à la main pour remarquer le moment où ils sentiraient le coup. Mais on ne put noter aucun intervalle appréciable entre la détonation et le choc électrique.

Une dernière expérience fut encore exécutée pour essayer de reconnaître avec plus d’exactitude la vitesse de l’électricité.

Le 5 août 1748, les expérimentateurs se réunirent une dernière fois sur la montagne de Shooter. On convint de former un circuit électrique de 2 milles de longueur, en faisant faire au fil conducteur différents détours dans la campagne ; le milieu de ce circuit se trouvait dans une maison où était placée la bouteille de Leyde, avec un observateur qui tenait à chaque main un des deux bouts, lesquels avaient de chaque côté 1 mille de longueur.

Dans cette disposition, qui reproduisait celle adoptée par Lemonnier, on pouvait observer avec exactitude l’intervalle entre le moment de la décharge de la bouteille de Leyde et celui de la commotion éprouvée.

« L’expérience prouva, dit Priestley, que la vitesse du passage de la matière électrique dans toute la longueur de ce fil, qui avait 12 276 pieds de longueur, était instantanée[1]. »

Ces curieuses expériences excitèrent, parmi les électriciens de l’Europe, beaucoup de surprise et d’admiration. Dans une lettre adressée à ce sujet à Watson, Musschenbroek lui écrivait, avec la magistrale emphase de quelques savants de cette époque : « Magnificentissimis tuis experimentis superasti conatus omnium !

  1. Histoire de l’électricité, t. I, p. 203.