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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/477

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(Par la magnificence de vos expériences vous avez surpassé les efforts de tous.) »

De tels résultats redoublèrent l’ardeur des physiciens. On varia beaucoup la manière d’exécuter l’expérience de Leyde. Nollet, en France, y procédait de beaucoup de façons différentes. Il montra en 1747 que cette expérience peut se faire très-bien avec un vase de verre qui ne contienne ni eau ni métal, mais qui soit seulement vide d’air : l’espace vide d’air existant dans la bouteille lui servait de garniture intérieure[1].

Cette expérience, qui a été répétée plusieurs fois de nos jours, réussit parfaitement ; elle donne une décharge électrique d’une grande intensité. L’appareil nécessaire pour l’exécuter, existait encore, il y a peu d’années, dans le cabinet de physique de la Faculté de médecine de Paris. La bouteille fut brisée, pendant une leçon du cours de M. Gavarret, par la force de la décharge.

Nollet exécutait quelquefois la même expérience, en employant deux personnes au lieu d’une seule, pour exciter l’étincelle. Ces deux personnes étaient séparées par un tube de verre rempli d’eau, dont elles tenaient chacune une extrémité. Nollet voulait montrer ainsi, d’une manière plus frappante, le phénomène lumineux de l’étincelle.

« Lorsque l’explosion se fait, dit Nollet, et que les deux corps animés ressentent la secousse, le tube intermédiaire qui les unit brille d’un éclat de lumière aussi subit et d’aussi peu de durée que le coup qui saisit les deux personnes appliquées à cette épreuve ; n’est-il pas tout à fait possible qu’on verrait en nous la même chose si nous étions transparents comme le verre et l’eau[2] ? »

Il aimait encore à montrer la même manifestation de la lumière électrique par une expérience assez bizarre.

« Au lieu du tube plein d’eau, si les deux personnes qui font l’expérience se présentent mutuellement un œuf cru l’une à l’autre à la distance de quelques lignes, au moment de la commotion, si c’est dans la nuit ou dans un lieu obscur, on voit étinceler l’extrémité de chacun des deux œufs, et tous les deux paraissent également remplis de lumière[3]. »

Nollet montrait enfin que la forme de l’appareil est indifférente pour exécuter l’expérience de Leyde. Il obtenait la décharge électrique en se servant, au lieu de bouteille, d’une simple capsule de verre ou d’une jatte contenant de l’eau[4].

Ces diverses modifications apportées à l’expérience de Leyde commençaient, quoique bien lentement, à préparer l’explication théorique du phénomène singulier que personne n’était encore en état d’approfondir.

C’est ainsi que Musschenbroek reconnut que l’expérience de Leyde échouait toujours quand les parois extérieures de la bouteille étaient humides, fait qui explique, comme nous l’avons dit plus haut, l’erreur qu’il avait commise lui-même en déclarant que le verre d’Allemagne était le seul propre à exécuter sa célèbre expérience.

En Angleterre, Watson découvrit que la ténuité du verre augmentait le choc électrique et que l’intensité de la décharge était indépendante de la force de la machine électrique qui servait à la provoquer. En multipliant ses expériences, Watson reconnut encore que l’intensité de la décharge augmentait proportionnellement avec l’étendue de la surface du verre.

Un autre expérimentateur anglais, Bevis, modifia très-avantageusement les dispositions primitives de la bouteille de Musschenbroek, et lui donna la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Il avait reconnu, à force de varier l’expérience, que l’énergie de la décharge augmentait avec les dimensions de la bouteille, mais nullement en proportion de la quantité d’eau qu’elle renfermait. Il conjectura donc que, dans le phénomène, encore inexpliqué, de la bouteille de Leyde, l’eau

  1. Mémoires de l’Académie des sciences pour 1747, p. 24.
  2. Leçons de physique expérimentale, t. VI, p. 473.
  3. Leçons de physique expérimentale, t. VI, p. 474.
  4. Ibidem, p. 486, fig. 22.